Cette pochette aux allures de nuancier Pantone renferme Future Present Past, le nouvel ep des Strokes qui aide à digérer la nostalgie.
C’est bien simple (aussi simple que de retenir que le beurre sans sel est une abomination) : la teinte coquille d’œuf n’est jamais une bonne option. Elle évoque, à l’instar du beige, le papier peint de votre tante un peu coincée.
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La retrouver sur la pochette du nouvel ep d’un des plus grands groupes de rock des années 2000 peut donc provoquer une légère crise d’angoisse à la “mais ce monde ne tournerait-il plus rond ?!”
Simplicité pop
D’autant plus si elle est associée, comme ici, à un nuancier de type Pantone, censé symboliser (attention, grosse analyse) les cinq membres des Strokes comme leurs cinq albums, toujours unis malgré les aventures solo, les engueulades, les excès, bref, le passage du temps.
Paradoxalement, dans sa stupéfiante simplicité pop, la pochette rappelle les excès, vestimentaire et capillaire, de Julian Casablancas, qui martyrisa une bonne partie du public de Primavera et We Love Green en 2015 avec son mulet bicolore.
Vivacité salutaire
Comme le suggère le titre du ep, Future Present Past, sous des dehors insipides, cette pochette est une invitation à la réflexion sur l’unité du groupe et de l’individu, sur le passage du temps et, donc, sur le changement.
Comment se réinventer après cinq albums et avec une fan-base en attente ? Qui être en 2016, quinze ans après la claque Is This It ? Cette teinte coquille d’œuf ou ces cinq couleurs à la vivacité salutaire ?
Quête de renouvellement
Alors qu’on leur colle encore l’image du groupe à Converse, les Strokes n’ont cessé de prendre des risques (parfois trop), dans une quête perpétuelle de renouvellement.
“Le passé et le présent sont nos moyens, le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais”, écrivait pourtant Pascal au XVIIe siècle, dans un accès de joie de vivre.
Oblivius, oblivia, oblivium
En trois morceaux et un remix signé du batteur Fabrizio Moretti, les Strokes contractent le temps et réconcilient passéistes et progressistes.
Entre la voix nasillarde et pleine de morgue de Casablancas et la guitare anguleuse d’Albert Hammond Jr, il y a beaucoup de Is This It sur l’excellent Threat of Joy, et du Angles (2011) dans l’agitation du single Oblivius (du latin oblivius, oblivia, oblivium, tombé en désuétude, obsolète… le temps, tout ça).
Intrépidité
Et ce sont First Impressions of Earth (2006) et Comedown Machine (2013) que l’on retrouve dans l’outrance grésillante de Drag Queen. Il y a de l’intrépidité adolescente et de la tragédie adulte dans cet ep, du presque mauvais goût comme seul Casablancas sait en faire preuve et des mélodies estampillées “Strokes”.
A quand la tournée, l’album ? “J’ai du mal à penser à ce que je ferai dans trois jours”, confiait Julian à la BBC le 26 mai, avant de se répandre en “Je ne sais pas”. Carpe diem, hein.
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