Burgers, macarons ou cupcakes ne seraient que de simples accessoires pour le compte Instagram You Did Not Eat That, qui s’attache à reprendre les photos de femmes ultraminces posant avec des aliments caloriques qu’elles ne vont clairement pas manger. Un mannequin sur la plage, cheveux au vent, corps élancé, un hamburger à la main : le […]
Burgers, macarons ou cupcakes ne seraient que de simples accessoires pour le compte Instagram You Did Not Eat That, qui s’attache à reprendre les photos de femmes ultraminces posant avec des aliments caloriques qu’elles ne vont clairement pas manger.
Un mannequin sur la plage, cheveux au vent, corps élancé, un hamburger à la main : le rêve. Sauf qu’à bien regarder, le hamburger est absolument intact, bien que le mannequin semble avoir la bouche pleine.
You Did Not Eat That, compte Instagram créé par une Américaine anonyme, s’attache à dénoncer la supercherie de femmes minces en flagrant délit de fausse bouffe. Littéralement « Vous n’avez pas mangé ça », le parti pris est simple : « dire la vérité dans ce monde perturbé plein de trop de macarons et de cônes de glace… parce que vraiment, vous n’avez pas mangé ça », dit la description du profil Instagram. Chaque photo est accompagnée d’un commentaire humoristique, souvent incisif, suivi du hashtag #youdidnoteatthat. Gisele Bündchen, Alexa Chung, Coco Rocha et Anja Rubik font partie des célébrités accusées.
![](/wp-content/thumbnails/uploads/2016/06/YDNET-1-tt-width-439-height-440-crop-1-bgcolor-000000-nozoom_default-1-lazyload-1-except_gif-1.jpg)
Au delà des stars et des mannequins, You Did Not Eat That se focalise sur une cible de choix : les blogueuses mode. Instagram regorge de photos de blogueuses posant avec des macarons, donuts, burgers ou cupcakes, tellement mises en scène qu’on jurerait que la nourriture est traitée en accessoire. You Did Not Eat That sous entend que ces dernières prennent la pose, et jettent la nourriture après.
![](/wp-content/thumbnails/uploads/2016/06/YDNET-3-tt-width-438-height-440-crop-1-bgcolor-000000-nozoom_default-1-lazyload-1-except_gif-1.jpg)
Les aléas du « thin-shaming »
Si certaines des personnes mises en cause ont réagi avec humour – à l’image de la blogueuse The Man Repeller, alias Leandra Medine, qui poste en réponse à l’accusation une vidéo d’elle mangeant le cupcake incriminé, le discours autour du procédé de « thin-shaming » se fait d’autant plus acéré. Les médias crient au contrôle social : une fille mince mangeant léger est forcément anorexique, et si elle dévore un burger calorique avec enthousiasme, c’est une grosse menteuse – soit elle se fait vomir, soit elle mange en public et s’affame en privé.
Cette dernière pratique est au centre de inquiétudes des experts, déjà alertés sur les dangers des réseaux sociaux par le scandale autour de la page Women Who Eat On Tubes, invitant les internautes à poster des clichés de femmes déjeunant dans les transports en commun, pour s’en moquer. Le désir de documenter ses repas caloriques serait une nouvelle forme de trouble alimentaire, sorte d’affliction conduisant les femmes à commander des portions exagérées de repas caloriques en public, tout en s’affamant en privé. Le « thin-shaming », ou moqueries en direction des silhouettes minces, ne conduirait qu’à l’exacerbation du sentiment de mal-être initial.
![](/wp-content/thumbnails/uploads/2016/06/YDNET-4-tt-width-437-height-440-crop-1-bgcolor-000000-nozoom_default-1-lazyload-1-except_gif-1.jpg)
Or la créatrice de You Did Not Eat That dément le potentiel accusatoire de la page Instagram, insistant juste sur son envie de rendre la démarche plus honnête : « Je ne suis pas en train d’émettre un énorme commentaire social sur le physique de quelqu’un en fonction de ce qu’il mange. C’est plus du style : ‘Allez, on voit la supercherie. Si tu fais du 34 et que tu te prélasses sur la plage en portant un minuscule bikini, tu n’as probablement pas mangé les donuts que tu as postés à côté de tes lunettes de soleil. (…) Tu as un corps de rêve! Ne mens pas sur la façon dont tu l’as atteint! T’inquiète!’ »
Le plus simple serait encore d’engloutir le burger avant que ne sorte l’appareil photo.