La créatrice surréaliste, qui participe au débat « Pourquoi la mode danse-t-elle » du Festival des Inrocks ce dimanche 25, place la nuit au centre de sa vision libératrice.
Une barre de pole dance, un Jardin d’Eden sulfureux ou un cours de sport qui tourne à la teuf. Dans l’univers onirique de la créatrice Yaz Bukey, figure culte des nuits parisiennes autant que ses fashion weeks, la mode se fond dans la fête. Au coeur du propos de sa marque éponyme: un surréalisme fait réalité, pour une libération des corps et des désirs. Rencontre.
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Faites-vous la fête ?
Yaz Bukey – Je sortais beaucoup quand j’étais ado, jusqu’à 25-30 ans. J’ai la même bande de potes depuis des années, avec qui je faisais des performances au Paris Paris et au Baron – Aymeric Bergada du Cadet ou Victor Dewe, entre autres. Instinctivement, je pense que j’ai cherché à recréer ce monde fantasmé qu’on ne trouve que la nuit, une liberté qui se fait de plus en plus rare. La pénombre permet une forme d’expression corporelle en trompe l’oeil, une façon de voir la vie que seulement peu de gens perpétuent en plein jour.
Aujourd’hui je sors moins, mais ne dors toujours pas plus. La fête, je préfère l’imaginer, la recréer dans mon travail pour qu’elle reste fidèle à ce que j’aimerais y trouver. Car la réalité est souvent différente: je m’ennuie très vite, et la défonce est omniprésente, ce qui limite beaucoup le champ des possibles.
https://www.instagram.com/p/Bp9J4SPniie/
Le club, la nuit, le cabaret, le strip : vos shows citent une nuit sulfureuse. Pourquoi ?
Effectivement, il y a toujours un élément festif. Même si le thème est un cours de sport ou une pyjama party, les filles s’amusent, dansent, flirtent. J’ai fait défiler des danseuses du Crazy Horse, ou des performeuses comme Regina Demina, Dyna Dagger ou la mannequin Anna Cleveland. Et si il y beaucoup de façon de faire la fête, c’est, comme je l’évoquais, une possibilité d’être qui l’on veut, et faire ce que l’on s’interdit. C’est le royaume de la mascarade. Le jeu d’ombres et de lumières, l’alcool, la sexualité… Le contexte encourage un genre de flamboyance toute particulière. Cela permet à beaucoup de se lâcher… Même si, en ce qui me concerne, je pense que je suis lâchée naturellement et je n’ai jamais vraiment eu besoin de tout ça pour me laisser aller.
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Etait-ce toujours le cas ?
Je pense que j’ai toujours aimé être sur scène, mais c’était interdit par mon réseau familial. Je suis turque et j’ai grandit en Arabie Saoudite et en Algérie, et ce n’était pas une norme que de sortir danser pour une jeune fille. Alors, dans ma chambre, je découvrais puis devenais fan absolue de Boy George et de Culture Club. Depuis, j’ai fait de ces rêves ma vie.
Yaz Bukey participe au débat « Pourquoi la mode danse-t-elle » dans le cadre du Festival des Inrocks, dimanche 25 novembre 2018 à 17h à la Gaité Lyrique
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