Il y a tout juste trente ans, le 6 décembre 1986, Malik Oussekine, étudiant de 22 ans, mourait sous les coups de matraque de deux policiers du Peloton des Voltigeurs Motoportés. Le souvenir de sa mort est encore brûlant dans l’esprit de beaucoup.
Il y a trente ans, les violences policières faisaient un mort. Malik Oussekine, un étudiant de 22 ans, s’effondrait en marge d’une manifestation contre la loi Devaquet – qui visait à réformer les universités et à sélectionner les étudiants à l’entrée. Cette bavure illustrait les dérives policières de l’époque. Que s’est-il passé ce soir-là ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque »
Pour disperser une manifestation étudiante, une patrouille du peloton de voltigeurs motoportés est envoyée rue Monsieur Le Prince, dans le VIe arrondissement. Malik Oussekine trouve alors la mort après un arrêt cardiaque consécutif aux coups portés par les policiers armés de matraque. Le récit d’un témoin, Paul Bayzelon. Fonctionnaire au ministère des Finances et résidant au 20 rue Monsieur le Prince, est glaçant :
« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte.(…) Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : « je n’ai rien fait, je n’ai rien fait ». »
Pris en charge à l’hôpital Cochin, Malik Oussekine décède à 3h20 d’un arrêt cardiaque dû à ses blessures.
Les voltigeurs
Cette unité avait été créée en 1969, pour s’infiltrer dans les cortèges de manifestants. Elle a été dissoute tout de suite après le drame de 1986. « Depuis leur dissolution, plusieurs options ont été étudiées pour les remplacer, comme les quads en 1995. Mais aucune n’a été retenue. », explique le chercheur Fabien Jobard à France Culture.
Pour Malik Oussékine, tué par des policiers au fond d'un porche en marge d'une manif le 6 décembre 1986. J'étais étudiante. #NeverForget https://t.co/iddZ1CTQtd
— maryline baumard (@marylinebaumard) December 4, 2016
Le 10 décembre 1986, un défilé de 126 000 à 600 000 manifestants rendait hommage à Malik Oussekine dans le silence à Paris.
A la suite de la mort de Malik Oussekine, qui a ému la France entière et en particulier les étudiants, l’ancien Premier ministre socialiste Pierre Mauroy s’est affronté à l’Assemblée nationale à Charles Pasque, alors ministre de l’Intérieur : « C’était un étudiant comme tous les autres, il s’appelait Malik », commence-t-il. « Votre rôle est le maintien de l’ordre dans notre pays, or vendredi soir on a vu la police frapper, un homme est mort. Pourquoi Monsieur le Ministre de l’Intérieur ? »
Hommages
Une cérémonie d’hommage a eu lieu ce 6 décembre dans le VIe arrondissement en l’honneur de sa mémoire, en présence d’anciens de l’Unef, et d’Anne Hidalgo la maire de Paris.
Moment de recueillement à la Mémoire de Malik Oussekine, étudiant de 22 ans, tombé il y a 30 ans, jour pour jour. pic.twitter.com/qGdqL7canZ
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) December 6, 2016
De nombreuses personnes ont également commémoré cet événement dramatique, comme la sénatrice écologiste Esther Benbassa, les sénateurs communistes ou encore Clémentine Autain, membre d’Ensemble, qui associe sa mémoire à celle de Rémi Fraisse (mort en 2014 à cause d’une grenade de désencerclement) et et d’Adama Traoré.
Il y a 30 ans, #MalikOussekine mourrait sous les coups de la police. Ne jamais oublier et continuer à s'opposer à la violence d’Etat.
— Esther Benbassa 🌻 (@EstherBenbassa) December 6, 2016
Dépôt d'une gerbe du groupe @crcsenat en hommage à la mémoire de #MalikOussekine, victime de la police de Pasqua il y a trente ans. pic.twitter.com/25VgVXf5Me
— Sénateurs CRCE (@senateursCRCE) December 6, 2016
Pensées pour Malik Oussekine. Il y a 30 ans. Je n'oublie pas. Et pense à #RémiFraisse et #AdamaTraore pic.twitter.com/H3txpwkU02
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) December 6, 2016
{"type":"Banniere-Basse"}