Le musicien, compositeur et réalisateur de clips, Woodkid, était l’invité de l’émission « Dans le genre de… » sur Radio Nova. De son enfance campagnarde à ses collaborations avec Rihanna et Lana del Rey, en passant par le fantasme « Alerte à Malibu » de David Charvet, il revient sur ce qui l’a construit et qui caractérise son travail aujourd’hui.
Quelle relation entretient chacun de nous avec son genre, sa féminité, sa virilité ? Par le biais de quelles identifications, culturelles (acteurs, musiciens, personnages de fictions) mais aussi plus personnelles (familiales, amicales, etc.) s’est-elle construite ? Voici le point de départ de Dans le genre de, une des nouvelles émissions de la grille de Radio Nova. En une heure, une fois par mois, Géraldine Sarratia, rédactrice en chef aux Inrocks, part à la rencontre d’une personnalité qu’elle interroge sur son rapport au genre et à l’identité.
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L’interview est en écoute ici:
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Alors que vient de sortir le clip aérien de « I Will fall for you » avec la contribution du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, Yoann Lemoine, l’homme derrière Woodkid, explore ce qui caractérise sa vision du monde, où s’entremêlent les notions de féminin et de masculin.
Entre une éducation catholique, un caractère plutôt réservé et un corps assez chétif, c’est seulement adolescent qu’il commence à s’affirmer, à « vouloir être visible, à essayer plein de choses » avec « ses jeans moulant Diesel et sa crête blonde. » Maintenant loin de ce look de « jeune gay de la campagne« , Yoann Lemoine avoue avoir très tôt rechercher « des gens dont on peut lire une vraie gentillesse dans le visage » :
« J’ai eu besoin de retrouver dans le masculin une forme de tendresse et de douceur, loin des bagarreurs. »
Son morceau préféré – qui en dit long sur son appréhension du monde et des relations entre les gens – : « Just Because I’m a Woman » de Dolly Parton, dans lequel il reconnaît une marque « hyper avant-gardiste et hyper-féministe« . « La misogynie ambiante, constante » dont on peut voir la trace dans les éléments de langage (comme le fait de sans cesse féminiser les insultes) est pour lui autant l’apanage des hétérosexuels que des homosexuels, des femmes que des hommes. Et c’est quelque chose qu’il tente d’explorer, de mettre en lumière dans son travail actuel, dans ses morceaux comme dans ses clips.
Woodkid se sent féminin entre autre parce que « la violence le rend malade ». Et pourtant, la violence est quelque chose que la société offre aux jeunes garçons comme une vertu purement masculine. C’est ce conflit qu’il a voulu exprimer dans son premier album sorti en 2013, savamment intitulé The Golden Age : « un univers ultra masculin, ultra agressif, qui entre en collision avec l’enfance.«
Voilà ou il se situe :
« L’identité est un gros morceau de pâte à modeler. On ne devient pas quelque chose qu’on est censé être, on devient quelqu’un par les choix et les actes que l’on fait. »
Woodkid évoque également l’héroïsme d’Anohni, la féminité vintage et provocatrice de Lana Del Rey, le futurisme de Rihanna, et finalement le fait de se travestir le temps d’une soirée, et l’expérience de liberté que cela représente de pouvoir entrer dans la peau d’un autre personnage.
Il lance d’ailleurs un appel : « J’invite tous les hommes à mettre une paire de talons et à se regarder dans un miroir !«
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