Devenir un ours, un lapin ou un loup lâchés dans la nature. Donner vie à ses rêves les plus fous et s’inviter dans ceux des autres. Se prendre pour un androïde qui éprouve des sentiments. Ce sont les expériences qu’offriront « Wild », « Dreams » et « Detroit », trois jeux PS4 extrêmement prometteurs repérés à la Paris Games Week.
Paris Games Week ou PlayStation Games Week ? On pourrait s’y tromper au vu de l’édition 2015 du salon parisien pour lequel Sony a fait les choses en (très) grand. Dans les travées du Parc des expositions de la Porte de Versailles, sa triomphale PS4 (près de 30 millions de consoles vendues à travers le monde) est omniprésente, mais la firme japonaise a aussi profité de l’occasion pour donner à la Défense une conférence (diffusée en direct sur Internet) n’ayant pas grand-chose à envier à celles de l’E3 en conviant sur scène les producteurs des prochains Gran Turismo, Tekken ou Street Fighter et de pas mal d’autres gros titres attendus en 2016. Cette stratégie de communication a aussi eu pour effet de modifier un peu la perspective de la Paris Games Week, traditionnellement axée sur les jeux de la fin d’année, en invitant à regarder un peu au-delà de l’actualité immédiate. Pour découvrir des choses très alléchantes.
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Wild
Michel Ancel est-il toujours un salarié d’Ubisoft ? Le père de Rayman et de Beyond Good and Evil assure que oui, mais à mi-temps, le reste étant considéré à son nouveau studio perso Wild Sheep dont le premier projet, Wild, ne ressemble pas à grand-chose de connu. Développée avec la collaboration des indés parisiens géniaux de Pastagames (Maestro, Pix the Cat), l’aventure plongera le joueur dans une nature primitive et luxuriante qu’il parcourra en dirigeant alternativement (et selon ses envies et/ou besoins) un homme, un ours, un lapin, un aigle, un loup, une grenouille… Car notre héros sera un shaman capable de prendre le contrôle des animaux en question – à condition de les avoir au préalable capturés. Il gagnera alors la possibilité d’utiliser les capacités de chacun pour progresser dans le vaste univers du jeu (au sein duquel il croisera à l’occasion les chamans d’autres joueurs connectés).
Wild nous donnera aussi le choix de répondre ou non aux demandes (passer plusieurs jours dans la peau d’un serpent, par exemple) de plusieurs divinités qui « représentent les forces de la nature », précise Michel Ancel, qui souligne la nécessité de « comprendre » ce monde qui ne sera pas « tout rose » mais où les questions de vie et de mort seront centrales. Destiné à la PS4 et ne disposant pas encore de date de sortie, Wild frappe déjà par son sens de l’espace et sa manière de questionner par le jeu la place que chaque créature y tient. Et pourrait bien reprendre les choses là où Ancel les avait laissés en 2005 avec sa belle adaptation du King Kong de Peter Jackson.
Dreams
Et si Dreams était le jeu le plus subversif du moment ? En ces temps où chaque projet est supposé pouvoir se définir en quelques mots, où un simple pitch est censé suffire pour visualiser ce qu’un game designer a en tête, le nouveau titre de Media Molecule a en tout cas de quoi déstabiliser. « C’est la communauté qui définira ce qu’est Dreams« , assure Mark Healy, le directeur créatif du studio britannique pendant que, manette en main, l’un de ses collègues s’applique à faire apparaître une tête de nounours sur l’écran. « C’est un mash-up de jeu et de création », tente Alex Evans, un autre co-fondateur de Media Molecule. Ce qui ne nous avance pas beaucoup plus mais n’étonne pas énormément de la part des auteurs de Little Big Planet. Qui, cette fois, ont décidé d’aller encore plus loin.
Ce que l’on a compris : en parcourant des univers fantasmagoriques, le joueur aura la possibilité de les toucher et transformer à volonté, c’est-à-dire d’intervenir dans le « rêve » d’un autre (des développeurs du jeu ou des autres joueurs qui auront conçu et mis en ligne les leurs). « Le mot clé, c’est : performance. Il s’agit de vous exprimer vous-même », renchérit Evans – qui ajoute qu’il sera possible d’exporter ses créations (personnages, objets, etc.) et de les rendre tangibles via une imprimante 3D. La nature même de l’expérience demeure encore mystérieuse, incertaine. La perspective de s’essayer bientôt à Dreams (attendu en version « bêta » sur PS4 l’an prochain) n’en est que plus excitante.
Detroit
On sait peu de choses sur Detroit, dont le développement même vient seulement d’être annoncé, si ce n’est qu’il est l’œuvre du passionnant David Cage (Beyond Two Souls, Heavy Rain) et qu’il est une sorte de prolongement d’une démo technique baptisée Kara et sortie de son studio Quantic Dream en 2012. Kara est un androïde qui se découvre capable de ressentir des émotions. Situé dans un futur raisonnablement proche (et destiné lui aussi à la PS4), Detroit est son histoire, « ce qui arrive à Kara quand elle sort de l’usine » (dixit David Cage). On pense à Blade Runner, à Ghost in the Shell, à Real Humans. On ne connaît pour l’instant de Detroit qu’une (somptueuse) bande-annonce de 3 minutes. On brûle de découvrir la suite.
Paris Games Week, Paris Expo, Porte de Versailles, jusqu’au 1er novembre.
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