A défaut de faire de la bonne musique, le groupe de Rivers Cuomo fait le buzz en déclinant à l’envi une stratégie geek.
A un moment, Weezer c’était bien. C’était dans les années 1990, on portait des sacs à dos et personne, ou presque, en France n’avait internet.
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Depuis, Matt Sharp a quitté le groupe et Rivers Cuomo, son binôme devenu leader, galère à retrouver le niveau du Blue Album (1994) ou de Pinkerton (1996). Résultat, Weezer refuse de prendre sa retraite et mise tout sur ce qu’il lui reste : sa geek credibility.
A défaut de faire de bons albums, Weezer a décidé de squatter l’internet. Artworks, clips, produits dérivés et coups promo s’inspirent de la culture web, reprenant et détournant les mèmes (concepts ou phénomènes internet) de manière plutôt intelligente mais un tout petit peu flag’.
Evidemment, Weezer n’est pas le seul groupe à avoir compris l’importance d’occuper l’espace internet en vue de vendre un peu plus d’albums sur l’iTunes Store : récemment M.I.A., les Klaxons, Holy Fuck, OK Go, ou Yelle et Hold Your Horses en France, ont su s’inspirer de l’esthétique gifs animés scintillants, pop-up dans tous les sens, détournements et lolcats en tout genre.
Mais Weezer, qui a toujours été considéré comme un groupe de geeks – Rivers Cuomo, ancien étudiant loser à Harvard, portait des grosses lunettes à monture noire quand ce n’était pas la mode -, en fait un tout petit peu trop. La preuve.
[attachment id=298]Vidéos Si Weezer a toujours multiplié les références à la pop-culture dans ses vidéos (Happy Days dans le clip de Buddy Holly, le Muppet Show dans le clip de Keep Fishin’, Hugh Hefner dans le clip de Beverly Hills), c’est en 2008 et le clip de Pork and Beans que le groupe s’attaque frontalement à la culture web. Détournant ou débauchant une vingtaine de vidéo-stars de YouTube, le groupe en appelle alors avec brio à la mythologie foisonnante du net. Résultat : un beau bestiaire de la geekitude vu des dizaines de millions de fois sur internet.
Un coup de maître que le groupe tente péniblement de reproduire depuis. Dernier exemple en date : un clip en collaboration avec l’équipe de Jackass, l’ancienne émission de MTV, dont les productions entre « fail », « LOL » et « WTF » sont l’essence même du contenu dont raffolent les internautes. Moué.
[attachment id=298]Artworks Si pour la majorité de la population la pochette de Raditude (2009) représente juste un chien sautant au milieu du salon d’un ménage moyen, pour ceux qui zonent sur internet régulièrement elle s’impose surtout comme un gros clin d’oeil à la culture web – dont tout un pan est dévolu aux photos d’animaux ridicules et à leur détournement. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que les internautes s’attaquent à la pochette de l’album, insérant le chien dans d’autres clichés pour créer des images plus ou moins absurdes. Un concours improvisé mais prévisible auquel Weezer s’est vite rallié en offrant un exemplaire de l’album dédicacé à la meilleure création. Bien vu. De la même manière, la pochette du dernier album, Hurley, affiche le portrait du personnage qui porte le même nom dans la série Lost, une des plus téléchargées et commentées sur le net. Comme par hasard.
[attachment id=298]Produits dérivés Surfant sur la vague de popularité virtuelle des Snuggies, ces sortes de combinaisons-couvertures en polaire destinées aux gens qui passent leur temps face à un écran, Weezer a lancé sa propre version de l’accessoire n° 1 du geek en mal de vie sociale. Le groupe a dû donner de sa personne en reproduisant le spot de pub type télé-achat et en allant jouer sur le plateau du Late Show de David Letterman habillé de la sorte. Un site (weezersnuggie.com, plus en service) avait même été créé avec comme argument de vente : un album (Raditude) offert pour tout achat de la chose. Carrément.
[attachment id=298]Promo Après le Snuggie l’année dernière, au tour du groupe Gregory Brothers en 2010 de servir à Weezer pour assurer sa promo. Alors au top des téléchargements sur l’iTunes Store avec ses titres faits de samples de discours ou de déclarations télévisés autotunés (souvent des faits divers), les Gregory Brothers, qui squattent les sites de buzz avec leur projet Auto-Tune the News depuis plusieurs mois, se sont ainsi laissé convaincre de faire une vidéo avec Weezer. Etrangement, le résultat, plutôt mauvais contrairement aux dernières productions des Gregory Brothers, a été mis en ligne pile au moment de la sortie de Hurley. Ben voyons.
[attachment id=298]Le Weezer arrosé Au début du mois d’octobre, un certain James Burns de Seattle a décidé d’attaquer le groupe sur son propre terrain en lançant une campagne virtuelle (via le site thepoint. com). Le principe ? Réunir 10 millions de dollars qui seront offerts au groupe pour qu’il se sépare : « Si nous réunissons au moins la somme de 10 millions, nous aurons alors peut-être une chance de ne plus devoir entendre un nouvel album merdique de Weezer tous les ans. » « Je n’en peux plus de voir mes amis être déçus année après année. Je n’en peux plus du cucu fantasmatique de leurs pochettes et de leurs vidéos musicales. (…) Si chacune des 852 000 personnes qui ont acheté Pinkerton nous envoie 12 dollars, nous remplirons nos objectifs. Je vous en supplie, Weezer : prenez votre oseille et tirez-vous ! », ajoutait le petit rigolo. « Pwned », comme on dit sur le net.
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