D’Arte Radio, figure de proue créative, à I-Télé La Radio, simple appendice de chaîne, il y a toute une palette de nuances sonores sur Internet. Jetons une oreille.
De l’image au son, de la déférence à l’impertinence. C’est probablement arteradio.com qui, la première, a inoculé dans le paysage français une certaine idée de la relativité : loin de rester figé dans une forme historique, un média peut se dédoubler, tenter l’extension, confier l’aura de sa marque à un projet hors cadre.
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On connaît l’histoire de l’émancipation d’Arte Radio : lancé par Arte en 2002 comme un simple additif sonore à ses programmes, le site prend vite son indépendance éditoriale sous l’impulsion de ses deux responsables, Silvain Gire et Christophe Rault. Il est aujourd’hui une fabrique audio de référence, disposant d’archives sans équivalent.
Influencés ou non par Arte Radio, mais gardant forcément son exemple en point de mire, d’autres médias non-radiophoniques ont, depuis, saisi l’opportunité de cette formidable antenne ramifiée qu’est le net.
De I-Télé à Télérama, en passant par Libération ou LCI, la sincérité du déploiement, les moyens et les objectifs sont bien sûr différents. Il s’agit, suivant les cas, d’occuper un espace à défricher, de tenter de nouvelles synergies au sein d’une rédaction, de compléter l’offre d’un site amiral – la radio comme bonus, pas toujours bien mise en valeur. Ou, comme chez une LCI Radio qui ne cache pas son désir d’accéder à la radio numérique terrestre, de former la figure de proue d’une stratégie commerciale.
Partant, chacun doit résoudre les équations qui sont au cœur d’un système médiatique qui appelle à la profusion : l’information est-elle déclinable à l’infini et quelle valeur ajoutée lui donner ? De certaines réponses sont nés des formats moins nourris que les classiques hertziennes, avec des grilles parfois bricolées qui ne témoignent pas d’un rapport décomplexé au vieux média radio. Sauf chez les extrémistes d’I-Télé La Radio qui, eux, se contentent de rediffuser en léger décalage ce qui se passe chez leur sœur aînée de la TNT. Un avatar de télé aveugle, une radio fantôme, grâce à qui on sait au moins ce qui se passe sur les écrans.
Sur lemonde.fr, la part du son élaboré est assez modeste, avec un zapping radio quotidien – bien ficelé mais succinct. Les webdocumentaires y semblent plus prisés, les objets multimédias plus spectaculaires (lire p. 30).
L’ambition est tout autre chez LCI Radio et Télérama Radio qui, chacune, mettent en ligne un véritable flux quotidien rythmé d’émissions inédites. Un mix entre France Info et LCI pour la première, assorti d’un ton moins strict que sur les écrans de la maison mère. A Télérama Radio, on cultive son jardin avec une sérénité rare : des tables rondes de critiques et des séquences d’un nouveau genre, sorte de blogs radio animés par des pointures (Gorin, Cassavetti, etc.), pour un résultat confortable, sans pression.
Une pratique de l’entre-soi que prend justement à contre-pied LibéLabo, la page audio-vidéo de libération.fr. Une attention plus poussée à la créativité et la prise en compte du son comme matière joueuse y ont ici été initiées par l’équipe d’Arte Radio. On entend sur LibéLabo des fictions, des détournements de bandes annonces ou d’excellentes pièces d’actualité (politique ou sociale) signées du journaliste Hervé Marchon, entre reportage et documentaire.
“Je ne cherche pas à faire rentrer les sons dans des cases prédéfinies, explique-t-il. Je me laisse surprendre par les rencontres, les hasards, et j’en tire une forme. Avec le souci que celle-ci se justifie absolument.” Faire de la radio libre sur le net, voilà bien une idée neuve.
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