Après le cinéma, après la télévision, Laetitia Masson s’essaie au web. Avec The end, etc…, elle réalise un webdocumentaire de société, une « expérience intime » mêlant documentaire, fiction et musique. Le tout fondé sur une idée : qu’en trois clics chacun puisse composer son propre film.
On pourrait appeler ça un « objet web non-identifié« , ou une expérience multimédia. Le webdoc de Laetitia Masson, coproduit par le service Nouvelles écritures de France télévisions et Memo Prod, a été mis en ligne le 13 février. Fondé sur l’interactivité, il propose à l’internaute de devenir le réalisateur de son propre film.
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Le pitch
« Dis moi ce que tu associes à l’engagement et au désengagement, et je te dirai qui tu es ». Interroger les gens sur la société dans laquelle ils vivent à travers le prisme de l’engagement et du désengagement, qu’il soit politique, humain ou amoureux, voilà le projet initial de Laetitia Masson. Au départ, la réalisatrice pensait faire un documentaire, un format qu’elle maîtrise.
Mais le résultat est autrement plus ambitieux. Car, dévoile Boris Razon, directeur du transmédia et des Nouvelles écritures à France télévisions, « l’engagement, on peut le prendre de nombreuses manières ». Réalisatrice de cinéma (Pourquoi (pas) le Brésil en 2004), Laetitia Masson profite de la liberté du web pour entremêler quatre heures de témoignages réels, séquences de fiction et intermèdes musicaux. Le tout filmé en haute définition pour offrir un objet soigné.
Pour éviter d’enchaîner les portraits et les séquences, et afin de susciter l’intérêt des internautes, les producteurs de The end, etc… ont choisi de ne lui donner ni début, ni fin. C’est l’internaute qui, par ses clics, génèrera un film unique, allant de cinq à vingt minutes. « Un portrait de 25 minutes, c’est assez imbitable, explique Voyelle Acker, adjointe de Boris Razon aux Nouvelles écritures à France Télévisions. En revanche, segmenté, c’est autre chose« . Un peu comme dans les livres dont vous êtes le héros, chaque personne se rendant sur le site du webdoc assemblera sa propre version. Et pourra la partager via les réseaux sociaux.
Le déroulement
The end, etc… se divise en trois étapes. D’abord, l’internaute est invité à découvrir la vision de l’engagement de la réalisatrice. Dix-huit mots sont sélectionnés par elle parmi les milliers de propositions. C’est en cliquant sur trois d’entre eux que l’on génère sa propre version du webdocu.
La deuxième étape offre la possibilité de voir toutes les séquences réalisées pour cette oeuvre hybride : portraits documentaires, fictions (avec notamment Elodie Bouchez, André Wilms, ou encore Jérôme Kircher), mais aussi six titres originaux (dont des reprises de La Marseillaise ou de L’Internationale) de Jean-Louis Murat, collaborateur régulier de Laetitia Masson.
Et la dernière phase de ce projet est un immense mur de mots, récapitulant tous les termes associés aux différentes séquences. Plus un mot revient, plus il aura une place centrale, et cliquer dessus proposera toutes les occurrences de ce terme en vidéo. L’internaute ayant la possibilité d’associer en direct chaque séquence au mot qui lui vient à l’esprit.
Exemple : si en regardant Murat interpréter La Marseillaise, le terme « patriotisme » nous vient à l’esprit, il suffit de le taper dans l’onglet prévu à cet effet pour que ce mot s’ajoute à la base de données, et « tague » la séquence.
L’originalité
Laisser l’internaute cheminer à sa guise, c’est le principe des webdocs. Mais en ayant écrit la trame au préalable : tout est prédéterminé. Qu’on prenne la porte de gauche ou celle de droite, le couloir que l’on va voir est prévu, écrit et imaginé.
Dans The end, etc…, les possibilités sont bien plus vastes. Fondé sur le concept de nuage de mots-clés, le webdocu propose aux internautes de choisir trois mots dans une liste. Chaque séquence montée étant taguée à un certain nombre de mots – pour le moment par l’équipe du projet, mais les internautes sont invités à enrichir ces références -, le film généré sera unique. Même en reprenant la même combinaison de mots, il est hautement improbable (impossible n’étant pas français) de parvenir au même enchaînement.
Haut débit requis
Très grosse production dans le monde des webdocs (son budget s’élève à 400 000 euros, la moitié étant prise en charge par France TV), l’owni de Laetitia Masson se veut, selon ses propres mots, un « retour sur l’engagement: proposition de réfléchir le votre, et de découvrir le mien, pour révéler l’image de la chair du sang politique ».
Un projet d’une telle ampleur ayant nécessité le concours de nombreux développeurs et informaticiens, les producteurs (Memo Prod et France Télévision) se sont associés à l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) et au studio de création Incandescence pour développer l’architecture du site.
Précisions d’aillleurs que ce webdoc, développé en HTML 5 pour être disponible en pluri-écrans (ordinateurs, tablettes…), requiert une connection internet haut débit, et un navigateur aux mises à jour récentes. Et pas mal de temps, si l’on veut parvenir à la fin de The end, etc…
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