Chérubins érotiques, mignons petits chats et chaussures délirantes : des dessins inédits d’Andy Warhol, qu’il publie entre 1952 et 1959, ont été retrouvés et rassemblés en sept livrets invitant à découvrir la personnalité de l’artiste avant qu’il devienne une superstar.
Pas de soupe Campbell ni de Marilyn Monroe à l’horizon. Dans les années 50, Andy Warhol, fraîchement diplômé de la Carnegie Institute of Technology à Pittsburgh, cherche à se faire un nom dans la scène artistique de l’époque en tant qu’illustrateur commercial. Installé à New York, il décide d’envoyer à ses contacts et clients potentiels de petits livres illustrés montrant l’étendue de ses talents : des dessins poétiques couplés à de petites histoires ou phrases humoristiques.
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Presque soixante-dix ans plus tard, les livrets, au nombre de sept, ont été retrouvés et republiés par la maison d’édition Taschen (seuls deux d’entre eux avaient été publiés auparavant), offrant un aperçu intime de la personnalité de l’artiste avant qu’il n’accède à la notoriété. Des traits naïfs et colorés, aux antipodes des créations graphiques qu’on lui connaît, tantôt contemplatifs – à l’image du livre 25 Cats Named Sam and One Blue Pussy, des portraits de chats inspirés de ses propres animaux ainsi que des photos de Walter Chandoha – tantôt subversifs : son livre In the Bottom of My Garden représente une série d’angelots lubriques, interprétation libre de la chanson There Are Fairies at the Bottom of Our Garden de Beatrice Lillie, actrice des années 20 et icône gay (« fairy« , fée en anglais, est un synonyme de gay).
A la recherche du Shoe perdu
« C’est comme apercevoir un héros quand il était encore en train d’apprendre son art, » estime Reuel Golden, qui a coordonné les ouvrages chez Taschen, au site It’s Nice That. Il compare la découverte des sept livres illustrés à la surprise que l’on peut ressentir quand on repère un acteur célèbre dans un vieux spot publicitaire, réalisé avant son heure de gloire. Réunis en un coffret, les livrets plongent avec candeur dans l’intimité de la personnalité de Warhol, qui s’est un temps rêvé illustrateur de livres pour enfants.
Collectionneur passionné de chaussures, une agence de pub lui commande une chronique illustrée dans le New York Times, qu’il rassemble en un petit livre, A la recherche du Shoe perdu. Chaussons, bottines, stilettos sont dépeints à l’encre, accompagnés de mots d’esprit signés du poète Ralph Pomeroy, connu pour avoir ouvertement vécu son homosexualité dans le San Francisco des années 50, en référence à de grands noms de la littérature : « To shoe or not to shoe » est ouvertement shakespearien, tandis que « The Autobiography of Alice B. Shoe » pastiche le titre du récit de Gertrude Stein, L’Autobiographie d’AliceToklas (1933).
La plupart des illustrations sont réalisées via la technique du buvard, permettant à Warhol de grossir ou non le trait de ses dessins. Il fait parfois appel à ses amis pour ses sessions de coloriage à la teinture, des « coloring parties » organisées chez lui ou à Serendipity 3, café de l’upper East Side new-yorkais. Les prémices du travail collaboratif de la Factory ?
Seven Illustrated Books 1952-1959 d’Andy Warhol (Taschen)
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