L’heure du bilan de notre espèce a sonné.
Anonyme a dit : « La mort a toujours tort ! » Mmh, pas sûr qu’Anonyme ait raison car là, le 21 Décembre 2012, jour de l’Apocalypse, la mort sera victorieuse. Pour la der des ders, pour l’horreur sacré.
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Et moi qui avait encore tellement de choses à faire ! Un deuxième enfant, un nouveau roman, un Rainbow Gathering en Islande…
Mourir, oh non, pas maintenant ! L’Apocalypse, c’est la question métaphysique de la mort à une échelle mondiale ; la mort, moteur de cohésion sociale et d’action. Et Dieu sait, si pour la psyché humaine, la mort est le paradoxe des paradoxes. Mais je doute fortement que Dieu le sache lui-même en fait. Car il a fait revenir son fils d’entre les ténèbres. Comme quoi…
Cette fin du monde n’a d’intérêt que parce qu’elle nous révèle à nous-même. L’existence de notre espèce est-elle encore légitime ? L’humanité, avec tout ce qu’elle a engendré de catastrophes (écologiques, nucléaires, médicales, sociales), a-t-elle encore des raisons de continuer d’exister ? Oui, des raisons véritables. L’Homme est-il valable ?
En somme, cette Apocalypse, c’est notre bilan.
« Mort à jamais ? Qui peut le dire ? » a écrit Marcel Proust. Bah moi, Marcel ! ma propre expérience, mon vécu de 34 ans… Personnellement, aucun de mes décédés n’est revenu chez moi prendre le thé. Quand tu es mort, c’est le non-retour. Ce qui n’empêche qu’en attendant le 21 décembre, j’ai acheté cette bougie et chaque soir, je l’allume un peu en pensant à cette fin du monde qui arrive, la mort dans son suaire noir à travers la planète, ricanant de sa conquète. Dans un mois, ma bougie à 60 euros s’éteindra définitivement et nous tous aussi.
Car il est utile et judicieux de faire un rappel avec cette citation latine « Memento Mori » (Souviens toi que tu es mortel). Ce schéma éloquent nous le montre bien.
Tout comme les Vanités, ces exercices de styles artistiques et codifiés, censés nous interdire d’oublier qu’en ces temps troubles et troublés la vie humaine est vaine et passagère. Des peintures classiques hollandaises jusqu’aux installations contemporaines de James Hopkins.
Et l’Apocalypse approchant, on assiste à une invasion macabre dans la mode, qui va de la « skeleton dress » d’Elsa Shiaparelli en 1938 jusqu’aux pulls en cashmere des bourgeoises où fleurissent en strass des têtes de morts. On peut dorénavant parler d’une surexploitation du spectacle de la mort. À bon escient car le culte de la mort est finalement le culte de la vie et une incitation à l’épicurisme.
Et « qui aime la mort aime la vie », a dit François Mitterrand lors d’une interview où il cachait déjà sa maladie tout en présidant notre pays. Il a dit aussi « je crois aux forces de l’esprit, je ne vous quitterai pas… » Mais ça, c’est une autre histoire…
Et ce ne sont pas les Mexicains (toujours les Mexicains, les Mexicains, les Mexicains et leur foutue prédiction !!!) qui nous contredirons avec leur mic-mac de mescal et de danses macabres. « Je suis venu au Mexique chercher une nouvelle idée de l’homme. » Antonin Artaud. Je pense qu’il l’a trouvée car chez eux, la mort est omniprésente depuis les civilisations précolombiennes où le sacrifice humain était légion jusqu’au culte très controversé de la Santa Muerte (squelette richement paré de dentelles et de bijoux) de nos jours. À ce propos, il est intéressant d’observer que le développement de la croyance en la Santa Muerte suit la courbe de criminalité du pays.
« Mythe et mort sont les deux M qui couronnent tous les autres et sont eux-mêmes couronnées par le nom du Mexique. » Carlos Fuentes C’est pourquoi, il n’est pas rare de voir des enfants dévorés des confiseries morbides : des petits crânes en sucre, ou s’amuser avec des orchestres de mariachis-squelettes aux larges sombreros fait de papier mâché et de fils de fer. Calaveras signifie à la fois cadavre, mais aussi noceurs, fétards…
Quant à moi, j’ai déposé entre les bouteilles de Javel et de soude caustique sous mon évier, une statuette de la Santa Muerte qui effraie efficacement mon fils et évite ainsi les grosses bêtises.
C’est qu’il faut savoir s’adapter à l’approche de la mort. Et notre civilisation le fait très bien avec sur Internet la création de mémorial en ligne, la mise à disposition également de testaments numériques (code d’accès messagerie, profils, paiement sécurisé…), la composition sur demande de son propre requiem, la possibilité d’acheter des places au salon de la Mort comme on achèterait des places de concert. C’est le triomphe de la mort. Elle gagne à chaque fois ! Même pour nos thunes, vu le prix des cercueils, des organisations d’obsèques, des prix exorbitants d’une concession au cimetière… On est vraiment des pigeons puisque nous voilà à organiser des successions qui n’auront pas lieu vu qu’on meurt tous ensemble le 21 décembre. La mort se marre et nous fait un bon bras d’honneur !
« Don’t try » C’est l’épitaphe écrit sur la tombe de Charles Bukowski. En voilà un qui avait bien compris que décidément, death is a star.
http://www.youtube.com/watch?v=7LwOEOpez_c
Death is a star, déjà d’être une sublime chanson est aussi un livre d’Anton Lenoir et Agnès Michaux qui vient de sortir aux Editions Flammarion. C’est un cadavre exquis nourri d’anecdotes ténébreuses, de citations macabres, d’étrangetés morbides. Un bouquin à compulser sans fin, un glossaire qu’il faut avoir lu avant de crever. Donc vite.
On y apprend tout sur la mort, comme de la définition de « morte-paye » ou de « croque-mort » qui doit son nom au fait qu’on croquait l’orteil du macchabée pour vérifier le trépas.
Le 22 décembre, si je suis encore de ce monde, (et il y a des chances car en fait, les Mayas avaient oublié de compter le jour supplémentaire des années bissextile, donc, on aurait dû mourir, il y a sept mois), je demanderai que quelqu’un me morde le pied. Juste pour faire chier la mort. Car comme l’a si élégamment écrit Jean Cocteau : « La mort ne m’aura pas vivant ».
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