À 00H32, le vendredi 21 décembre 2012 (heure de l’Apocalypse), je serai sûrement au lit avec mon fils endormi à mes côtés, car le lendemain, il y a école à 8H30. Peut-être ferais-je mieux de prendre un billet de train pour l’Aude et d’aller me réfugier avec lui dans l’accueillant village de Bugarach. Le village, […]
À 00H32, le vendredi 21 décembre 2012 (heure de l’Apocalypse), je serai sûrement au lit avec mon fils endormi à mes côtés, car le lendemain, il y a école à 8H30. Peut-être ferais-je mieux de prendre un billet de train pour l’Aude et d’aller me réfugier avec lui dans l’accueillant village de Bugarach. Le village, planétairement connu dorénavant, qui dit-on sera épargné par la Fin du Monde parce qu’il est le garage à ovnis des extra-terrestres.
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La montagne magique de 1230 m d’altitude, la montagne renversée est cet endroit improbable frappé par le mystère, une arche. Enfin, cette vidéo simpliste vous expliquera mieux que moi les tenants et les aboutissants de pourquoi je ferais mieux d’emporter vite dans mon baluchon, quelques jupes afghanes tintinnabulantes de pampilles appelant Ganesh à ma rescousse, deux, trois paquets de bidis, et mon fameux rideau en clochettes et en cristal aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Bugarach est un village pour moi. Peuplé d’illuminés new-agers, de lecteurs d’Aldous Huxley, de Jungiens, de frugivores, de babas-cools ufologues s’entraînant au cri primal, de clients à tout ce qui est paranormal, inexplicable, irrationnel, Bugarach n’est-il pas finalement fait pour moi ? J’aime la terre humide, je fête les solstices, je suis sensible au vortex énergétique et depuis des années, j’apprends à mon fils à faire des câlins aux arbres quand il est énervé car il n’y a rien de meilleur. Lui, le petit qui aime marcher pied nus, qui adore le tapioca et les petits gâteaux secs que je confectionne avec du lait d’amande douce que je quête dans les boutiques bios de Paris. Lui, mon petit qui porte des amulettes à son poignet, qui est à ce point intelligent et vif d’esprit que je le soupçonne d’être un enfant indigo tout comme moi, Lui, le petit qui accompagne mon mystique père en méditation lors de séances biquotidiennes de ZAZEN, lui le petit qui m’a aidé à installer une guirlande népalaise dans notre cuisine en écoutant les psychédéliques Pink Floyd.
http://www.youtube.com/watch?v=ntm1YfehK7U
À Bugarach, nous serions avec nos frères et sœurs de survivalisme, ces ésotériques qui ont bien potassé Malevil de Robert Merle. Ces allumés anti-consuméristes et remplis d’amour qui ont compris comme moi que E.T l’extraterrestre était juste en repérage, et qu’il désirait avertir les siens que le vaisseau spatial se devait d’atterrir en pays cathare et non aux USA.
Mais malheureusement, il paraît que les hôtels sont complets à Bugarach depuis des années pour cette période clef de la nouvelle ère à venir. Le maire est si inquiet de l’arrivée de toutes sortes de sectes et d’individus en masse que l’Armée sera réquisitionnée pour protéger le site, et les gendarmes mobilisés, en cette festive période de noël. L’arrêté préfectoral d’interdiction d’ascension de la montagne durant tout le mois de décembre a été signé depuis longtemps. Parce qu’il faut que je vous livre un secret que la Nasa garde précieusement : Bugarach est « un sas dimensionnel permettant d’accéder à une réalité parallèle et donc à une humanité bis », dixit Nicolas d’Estienne d’Orves dans son livre-enquête Rendez-vous à Bugarach, le village de la fin du monde qui sort mercredi 14 novembre chez Grasset.
Oui, finalement, Chris Marker avait vu juste avec son film culte La jetée, sauf que l’action se déroule à Bugarach et non à côté de Roissy.
http://www.youtube.com/watch?v=2CGKq1MuZ6k&feature=related
Un livre passionnant vous invitant au voyage le plus fou de l’année, un film incroyable à méditer. Mais hâtez-vous de le lire et de le voir car il ne nous reste environ plus qu’un mois à vivre… Pour ceux qui ne croient rien à tout ce que je raconte, sachez que la Miviludes (qui travaille sur les dérives sectaires) estime que cette date serait le 183e cas de Fin du Monde. On fait avec ce qu’on a… Et moi, je verbe sur cette Fin du Monde-là, parce qu’elle est exemplaire en cela, qu’elle regroupe toutes nos peurs contemporaines et nous amène, chacun de nous, à faire notre bilan d’humanité.
Une fois n’est pas coutume, mais, entre écrivains, on aime bien, je laisse les mots de la fin à N.E.O :
« Que va-t-il donc se passer, à Bugarach, le 21 décembre 2012 ? Va-t-on assister à la disparition de l’électricité comme dans Ravage de Barjavel, conduisant à ce retour à la terre cher aux lecteurs de 1943 ? La planète va-t-elle tout bonnement exploser ? En ce cas, le village sera-t-il lui aussi réduit à néant ? Ou bien va-t-il flotter, seul au milieu du cosmos, telle la croisière des oubliés d’Enki Bilal ? »
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