Qu’est-ce qui relie l’acteur Samy Naceri, « l’avocat des voyous » Karim Achoui et le film « Voyage sans retour » de François Gérard qui sort le 11 septembre prochain ? Deux procédures en référé et une étrange histoire.
Au départ, il y a un film qui a l’air de jouer un peu la provoc’. Intitulé Voyage sans retour, la France a aussi ses djihadistes, le long métrage sortira en salle le 11 septembre. Sauf que, fait rare, l’un de ses acteurs – Samy Naceri – se désolidarise de l’œuvre sur les réseaux sociaux depuis un mois. Une attitude qui a poussé, début août, le producteur François Gérard, également réalisateur et acteur principal, à assigner en référé l’ex star de Taxi « pour qu’il cesse de démolir la promo du film« , nous précise-t-il.
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Et histoire d’ajouter un peu plus de confusion, débarque dans l’affaire « le pro de l’agitation médiatique« , comme l’introduisait récemment un portrait de M le magazine du Monde : Karim Achoui, alias « l’avocat des voyous », soupçonné un temps d’avoir aidé Antonio Ferrara à s’évader et radié du barreau en 2012. Reconverti en président de la Ligue de défense judiciaire des Musulmans (LDJM), il va tenter de bloquer la sortie du film en assignant en référé « lundi 26 août », nous assure-t-il, la société de production du film « car il porte atteinte à une communauté« …
Tentons de comprendre cet embrouillamini.
Images tournées il y a 10 ans
« Bonsoir! Tout le monde me fait chier avec la sortie du film voyage sans retour en me traitant d’islamophobe!« , s’énerve une énième fois jeudi l’acteur Samy Naceri sur son compte Twitter.
Bonsoir! Tout le monde me fait chier avec la sortie du film voyage sans retour en me traitant islamophobe!
— samy naceri (@samynaceri2) August 21, 2013
Depuis la publication de la bande originale du film il y a un mois, l’acteur se fait ponctuellement interpeller par des internautes qui lui reprochent de participer à un film « anti musulman ». Grosso modo, le pitch de Voyage sans retour – que nous avons pu voir en entier – c’est un trafiquant des quartiers qui, au travers d’un voyage initiatique entre l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, se change en djihadiste poseur de bombes. Et Samy Naceri campe dans cet affaire un second rôle de policier anti terroriste.
Injoignable car « Samy est à l’étranger dans un endroit où il ne capte pas« , nous précise son agent, l’acteur a néanmoins déjà répondu à une interview téléphonique réalisée par le site Panamza sur le sujet. Il en ressort que la brouille viendrait au départ une exploitation non consentie de son image dans une opération promotionnelle faite en marge du film. Samy Naceri ajoute que les images ont été tournées il y a dix ans et que, à l’époque, on lui aurait vendu un scénario différent. Toujours selon l’acteur, on lui aurait présenté l’histoire comme un retour sur l’affaire Khaled Kelkal, le terroriste abattu en 1995 non loin de Lyon par des gendarmes. Le réalisateur François Gérard réfute cette affirmation.
« Oui, j’ai mis du temps à finir ce film, ce n’était pas facile, nous explique-t-il. J’ai aussi attendu Samy plusieurs années pour finir de tourner certaines scènes. Et à un moment donné, comme dans tout scénario, il y a des séquences qu’on met avant les autres et d’autres qu’on enlève. Le titre a changé mais le scénario n’a pas bougé. »
L’acteur Julien Courbey apparait également brièvement dans le film. Contacté, il nous dit n’avoir toujours pas vu le film mais il se souvient que « dans le scénario de base, c’est un mec qui part faire le djihad et qui tombe amoureux d’une nana en Inde. Et ensuite, il y a un peu la dualité entre sa conviction religieuse et sa relation avec elle ». François Gérard nous ayant laissé voir le film, on peut dire que ses souvenirs collent à l’histoire du film.
Pourquoi Samy Naceri assure-t-il qu’on lui a vendu il y a dix ans l’affaire Kelkal ? François Gérard dit ne pas comprendre, il précise néanmoins que certaines scènes sont librement inspirées de cette affaire.
« C’est le jeu de la com’ ça »
En parallèle, Karim Achoui mène « une action en urgence » au nom de la LDJM.
« Ma démarche vise à interdire la sortie du film car, pour moi, insiste Karim Achoui, il pose un problème d’image donnée d’une culture, d’une population et d’une communauté. »
Il dit préparer un référé qu’il compte déposer lundi au tribunal administratif pour tenter de bloquer le visa d’exploitation délivré par le ministère de la Culture. François Gérard se désole que « certaines personnes tentent d’obtenir une tribune sur le dos du film. Il n’y a rien d’anti musulman dans le film« . Le choix de cette date de sortie est-il un mauvais coup de com’ ?
« Si le film sort le 11 septembre c’est un semi hasard, concède François Gérard. Au départ, il devait sortir plus tôt mais on avait peur qu’il soit noyé dans la masse. Donc on nous a conseillé septembre, mois assez creux au niveau des sorties. Après quand tu as le choix entre le 7 et le 11 septembre, tu prends le 11. C’est le jeu de la com’ ça. »
Notons que septembre est en réalité un gros mois pour les sorties de films. Pour autant, un autre acteur du film tempère « pour moi le coup du 11 septembre c’est un moyen de faire la com’. C’est pas super subtil mais bon c’est pas le premier à faire ça« .
Le référé déposé par le réalisateur afin que Samy Naceri cesse de critiquer son film a été « mis en délibéré jusqu’à la fin du mois« , précise François Gérard. A noter que, le 11 septembre également, un autre film avec Samy Naceri sortira en salle : Tip Top, de Serge Bozon.
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