Mi-Woody Allen, mi-Chris Rock, cet anti-héros devenu star d’Instagram réconcilie l’Amérique blanche et noire, riche et pauvre, en l’invitant à rire d’elle-même.
Ce monsieur dodu à la houpette de licorne aime se décrire comme “un gros juif au physique de Shrek”. Vous avez sous les yeux la dernière success story qui intrigue et enchante l’Amérique. Josh Ostrovsky, New-Yorkais de 33 ans, s’est fait connaître sous l’identité 3.0 de The Fat Jew et a atteint le statut de célébrité sur Instagram.
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Six millions d’abonnés et un portrait élogieux dans le Financial Times saluent un concept ni particulièrement créatif, ni original – mais furieusement efficace. Chaque jour, il déniche une absurdité sur internet, qu’il reposte accompagnée d’un commentaire parfois vulgaire, toujours hilarant. Une image photoshopée de Kanye West en train d’embrasser goulûment son double se voit accompagnée de la légende “Grâce au mariage pour tous, Kanye pourra enfin s’épouser”, ce qui lui vaut rapidement 238 000 likes.
“Pas la peine de m’arrêter mon père est avocat”
Son ascension ne fait que commencer : avant la publication en octobre de Money Pizza Respect (décrit par son éditeur comme “probablement le livre le plus ridicule dans l’histoire des arts et des lettres”), il a lancé cet été sa marque de vin, White Girl Rosé, (“le rosé pour filles blanches”). Voilà sa vraie force : apprendre à l’Amérique à rire d’elle-même.
L’hégémonie blanche et bourgeoise de la nation est sa première source de critique : il dénonce le racisme et les écarts de classes par le biais de l’humour (une image de trois jeunes en bermuda et mocassins, pétard aux lèvres, est accompagnée de la phrase : “La tenue qui dit ‘pas la peine de m’arrêter mon père est avocat”).
Un puissant miroir de l’Amérique
Certes, Ostrovsky est blanc. Pourtant, avec l’évocation de son “jew-fro” (“la coupe judéo-afro”), de ses parents russes immigrés, son ancien groupe de rap inspiré de Barbra Streisand et du Wu-Tang Clan, il se positionne comme l’autre. Allié à tous les apatrides, réfugiés, descendants d’esclaves plutôt que de colons, bedonnant plutôt que botoxé, il s’inclut dans l’Amérique working class et non pas wasp – l’Amérique de demain.
Son humour s’inscrit directement dans la tradition humoristique juive américaine comme l’ont fait les auteurs Shalom Auslander et Gary Shteyngart, qu’il modernise : il confronte Woody Allen et Chris Rock et donne naissance à leur fils imaginaire sur Instagram. Culture poubelle ou caverne d’Ali Baba, son profil est un puissant miroir de l’Amérique d’aujourd’hui – telle qu’elle apprend à s’accepter.
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