De retour sur les podiums, il continue de croiser mode, histoire des contre-cultures et engagement politique.
Une jeune fille arbore un bleu de travail intégral, une sacoche en bandoulière et un béret en cuir sur la tête. Elle se promène sur le podium hivernal 2017 de la maison Dior, et pour sa créatrice, Maria Grazia Chiuri, elle est l’enfant illégitime des suffragettes et de l’icône populaire américaine “Rosie la riveteuse”.
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Sur le catwalk de Wanda Nylon, les mannequins, vêtues de tweed et de pantalons taille haute très vintage, l’arborent aussi. Selon la fondatrice du label, Johanna Senyk, c’est un hommage au style des Black Panthers (le béret faisait partie de leur uniforme). Chez Kenzo, il est revu en laine XXL et fait directement référence à une collection de 1971 de la même maison, en plein Flower Power à la française.
Che Guevara
Apparu dès l’Antiquité, le béret a la particularité, en plus d’être unisexe, d’avoir conservé à travers les âges la même simplicité. Ce qui le rend aussi facile à porter au sein des mouvements de la contre-culture qu’au sein des forces de l’ordre (armée ou police) – c’est précisément cette touche “officielle” qui poussa les Black Panthers à se l’approprier, en noir plutôt qu’en kaki, véhiculant ainsi l’idée d’un pouvoir alternatif et rendu au peuple.
Porté par les paysans et les pêcheurs, il est à l’intersection des classes et des genres, plébiscité également par de nombreux artistes, tels Pablo Picasso, Ernest Hemingway, Dizzy Gillespie, toute la génération beatnik, Che Guevara ou Simone de Beauvoir.
Prise de conscience
Aujourd’hui, en ces temps troublés, pourquoi ce retour du béret ? Si, comme le dit le slogan féministe, “le personnel est politique”, et que le politique est devenu une affaire personnelle, cette coiffe représente alors parfaitement le croisement (et la réconciliation ?) de ces deux sphères.
Son histoire engagée et sa force à être détournée et relue est un appel à la prise de conscience et à l’action.
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