La nouvelle création de Romain Kremer pour Camper va révolutionner votre vision des charentaises-sabots-méduses apparues au début du XXIe siècle.
Framboise-pêche ou menthe-myrtille, ces chimères de caoutchouc viendront habiller les pieds de celles qui osent l’été prochain. Pas votre tasse de thé ? C’est fait exprès. Non, elles ne répondent pas aux règles d’harmonie de l’esthétisme classique. Oui, elles interloquent. Mais n’est-ce pas l’essence même du luxe que de déranger avant de charmer ?
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Sorties tout droit de l’esprit de Romain Kremer pour Camper dont il dirige la création, ces sandales sont l’emblème d’un relooking radical pour le chausseur espagnol. Quant au styliste, qui s’est fait connaître sous son propre nom puis à la tête de Mugler (où il habillera notamment Lady Gaga), sa vision – sorte d’enfant fantasmée d’un cyberpunk et d’une Harajuku Girl – part une fois de plus en guerre contre un bon goût préétabli.
Crocs-moi si tu peux
Chez Camper, il choisit de détourner l’héritage pragmatique, voire normcore, de la marque. Il en sublime l’esthétique utilitaire en transformant des chaussures d’escalade ou de montagne en objets oversize ; des chaussures de ville se muent en coquines Creepers ; et, pour ces dernières-nées, il cite un des grands tabous pop actuels : vous avez sous le nez des néo-Crocs.
Pour ceux qui font mine de ne pas s’en souvenir, ces charentaises-sabots-méduses nées au début du XXIe siècle deviennent vite le symbole d’une Amérique infantilisée. Avec la promesse de répondre aux besoins de tous les genres, générations, tailles, les Crocs réduisent la chaussure à sa pure fonctionnalité.
Le trouble au cœur de la beauté
Ludique, on pourrait même la comparer à ce que certains sociologues anglo-saxons appellent déjà la “McDonaldification” de la consommation : un objet si “rigolo” et pratique qu’il en devient totalement déraciné, faisant perdre à son porteur toute conscience de qualité, de fabrication (et de son âge ?).
Cependant, la néo-Crocs de Camper “n’est plus une chaussure mais une structure qui protège le pied”, dit Romain Kremer. Ainsi, ce design se positionne en readymade de la mode : un produit élevé au rang d’objet graphique qui négocie ses propres règles avec celle qui le possède. Et surtout, l’excentricité de ses formes se trouve bien loin de tout fétichisme du soulier féminin traditionnel – ovni ou étrange objet du désir, la néo-Crocs vient célébrer le trouble au cœur de toute beauté, et vice-versa.
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