Dans Lettres d’intérieur, la nouvelle chronique d’Augustin Trapenard sur France Inter, la grande écrivaine écrit au président de la République, et dénonce une politique qui a conduit le pays dans une situation d’extrême urgence sanitaire. Un repère à ne pas perdre de vue.
C’est une parole très forte. Un texte profond, poignant, et lumineux. Qu’il ne faut pas hésiter à lire et relire. Ce lundi 30 mars, sur France Inter, Augustin Trapenard a lu une lettre écrite par l’écrivaine Annie Ernaux. Elle l’adresse à Emmanuel Macron et y dénonce son discours, sa politique, et rend hommage au service public.
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A propos de l’allocution du président le 16 mars dernier, le chef de l’Etat annonçant le confinement par le biais d’un lexique guerrier, elle déclare : “Nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre.”
“Rien ne vaut la vie”
L’autrice de Les années souligne comment le matériel médical ainsi que le personnel hospitalier sont précieux, trop souvent négligés par le gouvernement. “Depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde et de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier – “L’Etat compte ses sous, on comptera les morts” – résonne tragiquement aujourd’hui”, écrit-elle.
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Annie Ernaux rend également hommage aux non-confiné·ées, ces personnes qui continuent de sortir travailler, et sans qui la situation serait encore plus dramatique qu’elle ne l’est. Une France trop souvent invisibilisée, remarque-t-elle avec justesse. “Ceux dont naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.”
La lettre se termine avec des paroles d’Alain Souchon : “Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et ‘rien ne vaut la vie’.” Un texte précieux.
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