Le projet BioLogic permet aux vêtements de s’adapter à la température du corps humain. Et si, à terme, ils devenaient autonomes ?
On a déjà vu des abeilles s’agencer afin de former un élégant chandail sur un quidam désireux d’entrer dans le Guinness Book. Cette masse grouillante d’insectes virevoltants était certes du plus bel effet, mais par trop bruyante et peu confortable au vu des mouvements lourds et patauds du kamikaze.
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Un bacille miraculeux
Un laboratoire du MIT, le Tangible Media Group dirigé par le professeur Hiroshi Ishii, a conçu un “vêtement vivant” bien plus seyant, qui se présente comme une combinaison très moulante. Dans la vidéo dévoilée par le laboratoire, on devine des écailles sur le dos des danseurs qui la portent pour l’expérience. Ce sont en fait des clapets de tissu qui s’ouvrent ou se ferment en fonction de la chaleur que dégage leurs corps.
On doit ce miracle à Bacillus subtilis, une bactérie utilisée notamment dans la préparation du natto, un plat traditionnel japonais à base de haricots de soja. La bactérie y est ajoutée pour accélérer la fermentation qui engendre une mixture gluante et malodorante. Mais ce micro-organisme a surtout retenu l’attention des chercheurs pour une autre de ses particularités.
Loin des T-shirts qui respirent
Il réagit à l’humidité en se contractant ou en se dilatant. Les scientifiques ont introduit ces cellules dans le tissu, via une imprimante 3D. Résultat : lorsque le danseur transpire, les cellules se déforment, grossissent et emmènent avec elles les morceaux découpés dans le vêtement. Ceux-ci rebiquent, le clapet s’ouvre et laisse ainsi la peau du sportif respirer à son aise. Voici donc un authentique vêtement vivant. Et ses inventeurs ne comptent pas s’arrêter là : d’autres applications sont prévues.
On est loin des T-shirts supposément respirants et des vestes intelligentes. Là, c’est se vêtir d’une peau de bête, mais avec la bête. Et la matière vivante réserve des surprises, c’est son charme. Avec de telles techniques, qui sait ce que sera le futur du prêt-à-porter ?
La fin des placards
Le bonnet s’étirera de lui-même pour nous couvrir les oreilles sur les pistes de ski. Idem pour les gants qui sortiront peut-être de deux minces bracelets sur nos poignets : ils se déploieront à la surface de nos doigts. A l’inverse, notre costume se rétractera en un maillot de bain léger, à mesure que nous descendrons sur la plage et approcherons de la mer.
On sifflera notre jean qui rampera jusqu’à nous et s’enroulera autour de nos jambes : “Allez, viens maintenant, arrête de jouer, je suis en retard !” Les robes créeront un pli autour de la mite et la digéreront, telle une plante carnivore. Bientôt, tous ces habits potentiels seront directement insérés dans les cellules de nos épidermes.
En sortant de la douche, la serviette jaillira de nos omoplates pour nous couvrir entièrement. Plus de draps ni de couettes pour les mêmes raisons. Chemises, chaussettes et chaussures seront en nous. Terminés coton, laine et velours. Au placard !
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