Une association demande le retrait de la limitation de vitesse à 80km/h et conteste les chiffres avancés par le gouvernement.
L’annonce de l’abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires faites par Edouard Philippe le 9 janvier 2018 avait créé la polémique. Parmi les opposants à cette réforme, l’association “40 millions d’automobilistes”. Celle-ci vient de publier un rapport, relayé par Le Point, contestant les résultats d’une expérimentation menée par le gouvernement et demandant le retrait de cette mesure.
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« Malgré les demandes multiples formulées à la fois par les associations impliquées dans la sécurité des routes et les élus locaux, le gouvernement a toujours refusé de communiquer les données d’accidentalité recueillies au cours de l’expérimentation » explique Daniel Quéro, le président de l’association de défense des automobilistes dans un communiqué.
Le 9 janvier dernier, le Premier ministre affirmait que l’accidentalité avait diminué durant l’expérimentation et soulignait une baisse de 25 % des accidents et de 50 % de tués grâce à cette mesure. Des chiffres contestés par l’association “40 millions d’automobilistes”, qui décide alors de prendre les choses en main en réalisant elle-même le recensement des accidents survenus sur les routes de l’expérimentation.
Daniel Quéro affirme que le gouvernement observe un “mutisme suspect” et formule des “promesses à ce jour non tenues”. “Nous étions donc en droit de nous interroger sur les véritables intentions du gouvernement ; c’est ce qui a motivé notre démarche” explique-t-il pour justifier le rapport.
Pas de réduction de la mortalité selon le rapport
Selon l’association, la limitation de la vitesse “n’a en rien permis de réduire la mortalité routière sur ces axes.” Une conclusion dressée après 18 mois d’expérimentation débutée en juillet 2015. L’association a recensé tous les accidents survenus sur trois tronçons de route nationale, sur un total de 86 kilomètres, situés dans la Drôme (26), la Haute-Saône (70), et entre la Nièvre (58) et l’Yonne (89), qui sont concernés par l’expérimentation. L’association a ensuite comparé les données disponibles avec celles des années précédentes. Elle s’est appuyé sur les données officielles des Bulletins d’analyse des accidents corporels de la circulation (BAAC) de 2015 et 2016 du Ministère de l’Intérieur.
“Sur certaines portions, l’accidentalité est même repartie à la hausse avec la mise en œuvre de l’expérimentation », assure Pierre Chasseray, délégué général de l’association. Une “augmentation de 10%” de l’accidentalité entre 2012 et 2016. « 30 blessés sont alors à déplorer, soit autant qu’en 2013, plus qu’en 2012 (26) et non loin de 2014 (31), qui est la pire année en nombre de victimes (34) et de gravité des accidents » déclare celui-ci dans Le Point.
”En comparaison des données de mortalité routière relevées à l’échelle nationale, les statistiques issues de l’accidentalité des 86 km de routes secondaires révèlent l’inefficacité de cette mesure d’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/heure. Alors que 1 911 accidents mortels ont été recensés sur les 386 224 km que compte le réseau secondaire français (soit un accident mortel en moyenne tous les 202 km) en 2016, les sections de routes nationales soumises à l’expérimentation font état d’un accident mortel tous les 28,7 km.” conclut Pierre Chasseray.
Une étude peu fiable pour certains
Cependant, cette étude a également critiquée. « Il faut prendre avec beaucoup de circonspection cette étude » indique l’association Prévention routière à France Info. Au contraire de « 40 millions d’automobilistes », celle-ci est favorable à la mesure du gouvernement. Anne Lavaud, déléguée générale de Prévention routière précise également “qu’une expérimentation se conduit en général sur cinq années”. Selon elle, il est donc difficile de pouvoir établir des conclusions sur une courte durée.
L’Observatoire Nationale Interministériel de la Sécurité Routière a également réagi aux accusations de l’association et tacle le rapport. Dans un communiqué, l’ONISR estime que l’étude “présente de nombreuses lacunes tant en ce qui concerne la méthodologie, l’interprétation des chiffres produits et la rigueur de la démarche.” Elle publie un bilan détaillé de l’accidentalité sur les trois axes expérimentaux. Selon la Sécurité routière, le rapport de “40 millions d’automobilistes” se réfère “à la période 2012-mi 2015, soit trois ans et demi, alors que les études d’accidentologie portant sur un réseau routier réduit sont systématiquement réalisées sur une période de cinq années, pour une meilleure représentativité statistique.”
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