Le ministre de l’Intérieur a provoqué un tollé, le 28 juillet, en affirmant qu’il “s’étouffait” lorsqu’il entendait le mot “violences policières”.
“Ne parlez pas de répression et de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit”. La ligne édictée par Emmanuel Macron le 7 mars 2019 n’a pas bougé d’un iota. Gérald Darmanin en a fait la preuve ce 28 juillet devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale, en choisissant qui plus est des mots qui passent très, très mal : “Quand j’entends le mot ‘violences policières’, moi personnellement, je m’étouffe. La police exerce une violence, certes, mais une violence légitime”. Très vite, cette séquence isolée par LCP s’est répandue comme une traînée de poudre, et a suscité l’indignation.
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"Quand j'entends le mot 'violence policière', moi, personnellement, je m'étouffe", assure @GDarmanin.
> "La police exerce une violence, certes, mais une violence légitime, c'est vieux comme Max Weber."#DirectAN pic.twitter.com/efT7AWs3N9— LCP (@LCP) July 28, 2020
“Laissez-nous respirer”
Et pour cause : non seulement une fois de plus le ministère de l’Intérieur refuse d’admettre que les violences policières sont un problème majeur d’intérêt public – en dépit des efforts renouvelés de David Dufresne et des collectifs contre les violences policières -, mais en plus, ses mots font écho de manière insupportable à ceux de Cédric Chouviat. Pour rappel, le 3 janvier, à Paris, cet homme de 42 ans, menotté et plaqué au sol sur le ventre par au moins trois policiers, avait crié à sept reprises “j’étouffe” avant de succomber.
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«J’étouffe»: c’est ce que Cédric Chouviat a dit sept fois avant de mourir.
Le choix des mots… https://t.co/Dtwq4ps1rD
— Fabrice Arfi (@fabricearfi) July 29, 2020
Vous venez, Monsieur Darmanin, de dépasser toutes les limites de la décence. Vous m'étiez indifférent. Plus maintenant. À bientôt sous d'autres auspices. #CédricChouviat #jem'etouffe https://t.co/2TLRdqUmHr
— Arié Alimi Avocats (@AA_Avocats) July 28, 2020
Comme Cédric Chouviat ? https://t.co/LU8p3KAp5v
— Maitre Eolas (@Maitre_Eolas) July 28, 2020
https://twitter.com/laur_dc1/status/1288193942895435776
#Viedavocate Avoir un ministre de l'intérieur qui dans sa vie de garçon a obtenu des faveurs sexuelles en échange d'1 promesse d'intervention est très très pénible mais en plus l'entendre dire "Je m'etouffe"lorsque j'entends parler de violences policières" est obscène #Démission https://t.co/fP86hB9wRC
— Caroline Mecary (@carolinemecary) July 29, 2020
VIOLENCE POLICIÈRE !!!!!!!!!!! https://t.co/3q6Qz9TvgI
— Guillaume Meurice (@GMeurice) July 28, 2020
Cédric Chouviat : "J'étouffe" (x7). Adama Traoré : "Je n'arrive plus à respirer". Eric Garner et George Floyd : "I can't breathe". Gérald Darmanin : "Quand j'entends 'violences policières', moi, personnellement, je m'étouffe" #LeChoixDesMots https://t.co/qOOpwQ5NkY
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit) July 28, 2020
Cette phrase a été reçue comme une insulte par de nombreuses personnes, qui rappellent que le cas de Cédric Chouviat n’est pas isolé. La litanie des victimes de violences policières le prouve. Aux États-Unis, les derniers mots de George Floyd étaient : “I can’t breathe” (“J’étouffe”). Les derniers mots d’Adama Traoré, mort à la suite d’une interpellation par les gendarmes en 2016, étaient aussi : “Je n’arrive plus à respirer”. Cette année, “Laissez-nous respirer” est d’ailleurs devenu un slogan récurrent des manifestations contre les violences policières et le racisme dans la police. Mais leurs revendications, pourtant répétées et médiatisées, ne semblent pas être parvenues aux oreilles de Gérald Darmanin.
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