Interviews, vêtements mythiques et une impressionnante collection de fanzines punk sont présentés à la British Library, à Londres, à l’occasion d’une exposition en accès libre qui célèbre la culture punk. Le 1er décembre 1976, le standard de l’émission de télévision britannique Today se déchaîne. Les téléspectateurs appellent en masse pour se plaindre des invités du jour, une bande […]
Interviews, vêtements mythiques et une impressionnante collection de fanzines punk sont présentés à la British Library, à Londres, à l’occasion d’une exposition en accès libre qui célèbre la culture punk.
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Le 1er décembre 1976, le standard de l’émission de télévision britannique Today se déchaîne. Les téléspectateurs appellent en masse pour se plaindre des invités du jour, une bande de jeunes punks au look déjanté et au langage plus qu’ordurier, qui insultent le présentateur Bill Grundy en direct. Le lendemain, le Daily Mirror y consacre sa une (titrant The Filth and the Fury, « la crasse et la fureur » en VF), et le mythe des Sex Pistols est né.
Le clip intégral de l’émission, où l’on voit un Johnny Rotten encore boutonneux échanger des regards complices avec le reste de son crew présent sur le plateau, dont la chanteuse Siouxsie Sioux, est un des nombreux documents présentés à la British Library, à Londres, à l’occasion de l’exposition Punk 1976-78, en l’honneur du quarantième anniversaire du mouvement. S’interrogeant sur l’effet de ce phénomène social et culturel sur la Grande-Bretagne des années 70, la bibliothèque puise dans ses impressionnantes archives afin de documenter ce moment pivot dans l’histoire du pays.
Cowboys et seins nus
Si les hommages à l’époque punk pleuvent en cette année de quarantième anniversaire – souvenez-vous du guide des adresses mythiques du punk à Londres, à retrouver ici – cette exposition a l’avantage de présenter toutes les pièces devenues symboles du mouvement : on apprend que l’affiche God Save The Queen, signée de l’artiste Jamie Reid, qui compose toute l’esthétique graphique des Sex Pistols, comportait en réalité de nombreuses versions, dont une où les yeux de la reine sont barrés de croix gammées. On retrouve également des vêtements de la mythique boutique SEX, tenue par Vivienne Westwood et Malcom McLaren sur King’s Road: deux t-shirts que les jeunes de l’époque s’arrachent, « Tits », une paire de seins nus, et « Two Cowboys », représentant un duo de cowboys, nus sauf leurs bottes et chapeau, s’allumant une cigarette de si près que leurs sexes se frôlent. Lors de sa sortie en 1975, un vendeur de la boutique portant le t-shirt est arrêté, et Westwood et Maclaren sont accusés d' »exhibition indécente ».
Les fanzines, publications underground
Dans une des salles de l’exposition, à côté d’un imposant mur de vinyles, on découvre ce qui est considéré comme un des facteurs majeurs de la diffusion des idéaux punk : les fanzines, ces publications indépendantes fabriquées artisanalement qui circulent parmi les jeunes générations de l’époque. « Les fanzines ont joué un rôle central dans le mouvement punk, » explique Andy Linehan, un des commissaires de l’exposition Punk 1976-78. « Ils interviewaient des artistes qui étaient ignorés de la presse mainstream, surtout au tout début du punk, et documentaient les scènes musicales locales tout en diffusant des informations sur les nouveaux groupes et salles à connaître. »
Écrits à la main ou tapés à la machine à écrire, illustrés de dessins et de collages, assemblés à la main puis photocopiés en douce au bureau, ces zines sont vendus chez les disquaires, contactés individuellement par les rédacteurs, lors de concerts ou dans certaines boutiques. Parmi eux, Sniffin Glue, pionnier du mouvement. » À l’époque, personne n’écrivait sur le punk, » raconte Mark Perry, fondateur du fanzine, dans une interview vidéo. » Alors j’ai commencé Sniffin Glue, tapé sur une machine à écrire pour enfants avec les titres tracés au feutre. Ça rejoignait l’idée du do it yourself associé au mouvement punk. »
Nommé d’après la chanson des Ramones Now I Want To Sniff Some Glue, le fanzine bénéficie d’un succès notoire tout au long de la période punk, restant toutefois ignoré de la presse musicale établie. Son exposition à la British Library, ainsi que la résurgence du self-publishing (maisons de publication indépendantes) à Londres aujourd’hui avec l’apparition de plus en plus de nouveaux zines, lui redonne ses lettres de noblesse.
Punk 1976-78, jusqu’au 2 octobre 2016 à la British Library, Londres (accès libre).
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