Sa mère avait déjà porté plainte contre son mari pour “violences”. Elle a été tuée par celui-ci à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin) ce dimanche 10 novembre.
Au micro de France Bleu Alsace, Stella Guitton a accepté de témoigner après le décès de sa mère, Sylvia Walter, victime de féminicide par son mari à Oberhoffen-sur-Moder (Bas-Rhin), dimanche 10 novembre. Les yeux rougis et cernés, elle relate les faits, en reprochant aux gendarmes d’être arrivés trop tard : “Ma mère m’a appelé à 23 h pour m’appeler à l’aide, qu’il avait de nouveau et encore une fois caché un couteau. J’ai entendu crier, je suis partie dans ma voiture. J’ai téléphoné à la gendarmerie qui m’a dit ‘on arrive’. J’habite à Bischwiller. La gendarmerie est à Bischwiller. J’ai mis trois minutes à venir jusqu’à chez ma mère. Eux n’étaient pas là avant 15, voire trente minutes.”
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Féminicide à Oberhoffen-sur-Moder : "Personne n'a voulu nous écouter". Stella témoigne après avoir vu mourir sa mère dimanche soir.
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“J’ai eu le temps de voir ma mère mourir”
“J’ai eu le temps de défoncer la porte, d’être menacée par mon beau-père avec son couteau, d’appeler les pompiers, de voir ma mère mourir. J’ai vu des gyrophares : c’était les pompiers qui n’osaient pas s’interposer puisqu’il était armé. La gendarmerie n’était toujours pas là”, poursuit-elle. Ce témoignage jette une lumière crue sur cette réalité qui fut pendant longtemps – et à tort – classée dans la rubrique faits divers, et que l’on nomme enfin féminicide. Le décès de Sylvia Walter marque le 131e féminicide en France depuis le début de l’année 2019.
[131] Dimanche 10/11 à Oberhoffen-s/Moder (67), une femme (40 ans) a été poignardée à mort par son conjoint, en pleine rue, alors qu'elle essayait de s'enfuir. Il a fait une tentative de suicide. Il a été interpellé par les gendarmes et placé en GAV.https://t.co/6jhSm8gLFK
— Féminicides Par Compagnons ou Ex (@feminicidesfr) November 11, 2019
“Personne n’a voulu nous écouter, nous aider, à part des ‘il faut porter plainte madame’, c’est bien beau de porter plainte, mais ça n’aide pas”, ajoute Stella Guitton, mettant au jour la difficulté d’être entendue et aidée dans les cas de violences conjugales. Sa mère avait par ailleurs porté plainte pour « violences » contre son mari, il y a un mois.
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Plusieurs personnalités ont témoigné de leur solidarité et de leur effroi face à ce témoignage, dont Cécile Duflot, qui a écrit ceci sur Twitter : “La parole de cette toute jeune femme. Sa mère morte dans ses bras. Le cœur à l’envers. La rage impuissante. Alors qu’il serait possible d’agir. Les féminicides ne sont pas une fatalité.”
La parole de cette toute jeune femme. Sa mère morte dans ses bras. Le coeur à l'envers. La rage impuissante. Alors qu'il serait possible d'agir. Les féminicides ne sont pas une fatalité. #NousToutes https://t.co/LEQTkoJpT3
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) November 11, 2019
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