Emmanuel Macron s’est défendu d’avoir été « méprisant » à l’égard du président burkinabé, en expliquant qu’il « plaisantait ».
Blague ou dérapage ? En plein discours devant 800 étudiants burkinabé et le président du Burkina Faso, Roch M. C. Kaboré, à l’université de Ouagadougou, Emmanuel Macron a déclaré : « Vous me parlez comme si [la France] était encore une puissance coloniale. Mais moi je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso. C’est le travail du président [burkinabé] ! » Alors que l’intéressé quittait la salle, Emmanuel Macron a voulu rajouter un trait d’humour : « Du coup il s’en va… Reste là ! Il est parti réparer la climatisation ». Cette phrase a été interprétée par plusieurs représentants politiques français comme « indigne » et « méprisante », à l’instar des députés de la France insoumise (LFI), qui ont réagi par voie de communiqué. Nicolas Dupont-Aignan a même considéré cette phrase comme « à la limite du racisme ».
"Un chef d'état ne peut pas se comporter comme ça. Je reproche à M. #Macron son arrogance et son mépris. On est à la limite du racisme. Qu'auriez-vous dit si #Trump avait fait ça ?" #E1Matin #Ouagadougou
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) November 29, 2017
« Ce sont eux les vrais paternalistes »
Mais le président de la république française assume. Il s’en est expliqué dans une interview exclusive à France24/RFI : « Ce sont eux les vrais paternalistes, car c’est considérer qu’on ne peut pas faire d’humour avec un dirigeant africain », a répliqué M. Macron à ses détracteurs, comme le relève le HuffPost.
« Vous auriez fait de l’humour avec Angela Merkel ? », rebondit la journaliste. « Je vous le confirme, j’aurais fait de l’humour avec tout dirigeant européen avec qui j’ai ce type de relation, persiste-t-il. Je l’ai fait avec Jean-Claude Junker, il se trouve qu’avec Roch Kaboré nous nous entendons bien, et donc nous plaisantons, et il ne vous aura pas échappé que ça l’a fait rire. »
« L’humour est une relation d’égal à égal »
Le président français précise également que si le président burkinabé a quitté la salle, c’était pour « faire une pause technique », et qu’il répondait à une étudiante qui l’avait interpellé en lui faisant remarquer que le pays allait inaugurer une centrale solaire alors que la climatisation ne marchait pas dans l’université. Et Emmanuel Macron de conclure en dissertant sur l’humour comme vecteur de fraternité : « Il y avait simplement l’énergie, la vitalité et la sincérité d’un moment et de son instantanéité. Et surtout, l’humour est une relation d’égal à égal. On peut plaisanter de soi, et de l’autre. »