Dans les rues du Chili, depuis que la révolte contre les inégalités a éclaté, les manifestants reprennent des chants de luttes sociales datant de l’Unité populaire, et c’est très beau.
Alors que la révolte contre les inégalités au Chili se poursuit, les manifestants répondent à la répression féroce, qui a fait 20 morts depuis le 18 octobre, par des chants de résistance. Plusieurs vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent ainsi la foule entonner El pueblo unido jamás será vencido, du groupe Quilapayún. Cette chanson, qui a aussi été enregistrée par le groupe Inti Illimani, a été composée dans le contexte du gouvernement d’Unité populaire de Salvador Allende, le président du Chili qui avait ouvert la “voie chilienne vers le socialisme”, avant d’être renversé par le coup d’Etat du général Pinochet, le 11 septembre 1973.
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Après ce coup d’Etat, les deux groupes, proches de l’Unité populaire, avaient dû s’exiler pour échapper à la dictature, et leur chant est devenu le symbole de la lutte du peuple chilien. Plus largement, il est devenu mondialement connu, et est assimilé à un cri de résistance.
Frissons garantis
Dans une vidéo abondamment partagée le 28 octobre, des centaines de manifestants le reprennent donc en chœur, accompagnés par un orchestre, devant l’Iglesia de los Sacramentinos. Et l’effet est très émouvant.
https://twitter.com/redfishstream/status/1188874318064668672
Le droit de vivre en paix
D’autres musiciens se sont réunis à l’occasion des manifestations au Chili pour interpréter une autre chanson très symbolique : El derecho de vivir en paz, de Victor Jara. Cet artiste communiste, figure de proue de la Nouvelle chanson chilienne, est un martyr de l’Unité populaire. Arrêté après le coup d’Etat, il sera détenu avec des milliers de personnes dans le stade national de Santiago. Les militaires l’auraient torturé en lui coupant les doigts, alors qu’il était guitariste, avant de l’achever. Cette vidéo a été postée le samedi 26 octobre. Devant la Bibliothèque nationale, des dizaines de guitares accompagnant la foule qui chante El Derecho de vivir en paz.
https://twitter.com/PamitaGuBa/status/1187868583491260416
46 years after US-backed forces led by Pinochet kidnapped, tortured and murdered communist singer Victor Jara, tens of thousands were singing his music yesterday in the streets of Chile: pic.twitter.com/ewr3oUUMrf
— hmmm (@yke_hmmm) October 26, 2019
>> A lire aussi : La rappeuse Ana Tijoux : “Le Chili n’était pas endormi, il était anesthésié”
Une nouvelle génération d’artistes chiliens
Par ailleurs, toute une nouvelle génération d’artistes chiliens soutient le mouvement de contestation sociale, qui s’est enflammé après la hausse du prix du ticket de métro. Lors d’un concert collectif, le 20 octobre, la chanteuse chilienne Camila Moreno a ainsi déclaré, dans un discours très fort : “Il faut que ce gouvernement arrête de nous traiter de vandales, alors qu’ils ont mis les militaires dans la rue ! Ils n’ont pas de mémoire. Comment est-ce possible dans un pays qui a connu la dictature pendant 18 ans ? !”
https://twitter.com/spanishrevorg/status/1187993149496389632
La rappeuse franco-chilienne Ana Tijoux a pour sa part écrit un morceau dans l’instant, en hommage aux manifestants.
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