A l’occasion du lancement de sa nouvelle sneaker, baptisée « Wata » et imaginée en partenariat avec l’association Surfrider Foundation qui protège les océans, la marque franco-brésilienne Veja a convié journalistes et amis à l’espace Darwin à Bordeaux, pour parler transition écologique et alternatives citoyennes.
Ce qui frappe en premier, lorsque l’on entre dans l’espace Darwin, situé légèrement à l’extérieur du centre de « la belle endormie », c’est l’étendue du lieu. « C’est un petit village » fait remarquer Philippe Barre, l’un des co-fondateurs. Une ancienne caserne militaire, délaissée en 2005, investie par les street artistes et les graffeurs, puis rachetée en 2010 par le collectif Evolution (incubateur de projets entrepreneuriaux responsables) car menacée de destruction. 10 000 m2 qui seront désormais destinés à « protéger tout ce qui peut l’être« . Un lieu économiquement innovant et écoresponsable, bien pensé et basé sur la coopération et la bonne volonté de ceux qui y mettent les pieds. « Il y a une sélection naturelle qui se fait. Soit les gens adhèrent totalement au projet soit ils partent en courant. Il n’est pas nécessaire que nous intervenions à l’entrée » explique Philippe Barre.
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Aujourd’hui, Darwin, c’est un restaurant, une épicerie, un espace réservé à la fête, des bureaux et espaces de co-working, des cultures urbaines, des espaces de sport, une décharge, des logements sociaux, une quarantaine d’associations résidentes… 480m2 de panneaux photovoltaïques ont été installés sur ses toits ainsi qu’un système de récupération d’eau de pluie. Exit la climatisation, et la totalité du mobilier est produite avec des matériaux recyclés. Toute l’année, festival et conférences y sont organisés pour partager les valeurs darwiniennes et créer des liens économiques et humains.
Cet espace s’est développé avec le temps, à la force des bras de ceux qui se sont reconnus dans cette démarche créative, débrouillarde, collaborative, bienveillante et joyeuse. « Le skate parc, les jeunes ont participé à sa construction. C’est eux qu’ils l’ont bricolé. Résultat, ils ne le dégradent pas parce qu’ils y tiennent. »
Du déchet plastique à la pièce de mode
C’est l’endroit qu’on choisi Sébastien Kopp et Ghislain Morillion, fondateurs de Veja, pour présenter leur nouveau bébé: une basket unisexe fabriquée à partir de plastique recyclé, imaginée en collaboration avec l’association Surfrider Foundation. Cet organisme lutte (l’emploi de ce terme suffit à lui seul à exprimer l’ampleur du problème) pour la protection des océans, rivières et littoraux. Et effectivement, on se demande, à entendre les intervenants de l’association parler de ces 269 000 tonnes de plastique rejetées dans la mer chaque année, pourquoi ces procédés de fabrication sont encore si peu exploités.
Le mérite de Surfrider Foundation et de ses semblables est aussi grand que leur tâche est ardue : informer le plus de monde possible, sensibiliser, éduquer, inculquer des gestes simples. L’association organise régulièrement des collectes de déchets sur les plages (et au bord du Canal Saint-Martin), des opérations « ramassage » de mégots (11 505 mégots récoltés lors de la dernière), intervient dans les écoles, donne des conférences, distribue des cendriers portables. « La majorité des déchets viennent directement des rues de grandes villes, telles que Paris, pour finir sur nos plages et dans nos océans » expliquent les intervenants. Exemple typique, les cotons tiges, négligemment jetés par milliers dans la cuvette des toilettes. Le ballet affligeant de ces petits tubes blancs et bleus à la surface de nos mers peut durer des centaines d’années.
L’engagement comme fil conducteur
Devant cette basket bleu ciel flambant neuve, Sébastien Kopp fait le point sur ce qu’il qualifie « d’aventure » avant d’être un business. Avec Ghislain Morillion, ils ont créé Veja en 2004. Deux précurseurs. « On a monté cette boite comme on rêvait de la voir, sans se poser des milliers de questions« , pour proposer un peu de bon sens, un peu d’engagement à leur humble échelle.
Les modèles de la marque sont fabriqués au Brésil, avec des matériaux respectueux de cette terre luxuriante mais d’ores et déjà épuisée par les activités humaines : coton biologique, caoutchouc naturel et tannage végétal pour le cuir. Tout cela en respectant bien évidemment les règles du commerce équitable pour permettre aux familles brésiliennes avec qui ils collaborent de « vivre dignement« . Si elles sont payées correctement, elles auront moins tendance à se tourner vers l’élevage de bétail pour subvenir à leurs besoins. Car qui dit élevage de bétail dit déforestation. Selon un rapport publié par l’Institut National pour la Recherche Spatiale, entre août 2015 et juillet 2016, 7 989 kilomètres carrés de forêt brésilienne ont été rasés.
Une fois acheminées en France par bateau, la logistique et le stockage des chaussures sont pris en charge par des associations de réinsertion qui redonnent une place à des prisonniers, des chômeurs, « des gens qui ont des cassures dans leurs vies« . Ces partenariats avec des ONG sont également un des fils rouges du travail de Veja. Ici, aux côtés de Surfrider Foundation, la marque espère continuer à accroître la conscience du grand public, mise sur l’intelligence collective. « Ce n’est pas une histoire de style d’être écolo, c’est une question de bon sens. On ne veut pas se battre pour convaincre, on propose simplement, on montre comment on fonctionne« . Ne pas tomber dans le matraquage, les remontrances et la culpabilisation, prouver simplement que d’autres manières de faire existent. Et qu’elles ne sont ni ennui, ni punition, ni privation de quelque forme de liberté que ce soit (à part peut-être celle de jeter son mégot par terre). Ce qui émane de Ghislain Morillion, Sébastien Kopp et Philippe Barre, c’est leur immense bienveillance. Et c’est sans doute ce qui fait que leurs projets fonctionnent : ils ajoutent un peu de sens et un peu d’humain dans leur recette.
Basket Wata Veja x Surfrider Foundation, fabriquée au Brésil, 80 euros.
Darwin Eco-système, 87 Quai des Queyries, 33100 Bordeaux
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