A une semaine de l’ouverture du dépôt des candidatures au PS, trois “petits candidats” tentent de se frayer un chemin entre Aubry, Hollande et Royal. Avant-gardiste, démineur ou stratège ?
• Manuel Valls : le premier dans le bain de la primaire
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Il s’est lancé, il s’est retiré, il y retourne. Manuel Valls pourrait risquer de passer pour une girouette ; il réfute la critique. “J’étais le premier à annoncer ma candidature à la primaire le 29 juin 2009. Ce qui rend logique ma candidature.” Car le député-maire d’Evry, qui avait décidé de se retirer de la course à la primaire dans l’hypothèse où DSK se lancerait dans la bataille, reprend aujourd’hui, de fait, sa campagne. Taclant au passage ses petits camarades… “Je veux représenter une énergie que je ne sens pas parmi les autres candidats.” Et d’ajouter : “Je veux la porter au service d’une gauche moderne et populaire, une gauche de vérité qui défend les valeurs de la République.”
Au PS, certains voient déjà Manuel Valls poser les jalons pour l’après-2012, au cas où la gauche perdrait la présidentielle, avec des positions iconoclastes dans son parti mais très identifiées par l’opinion publique, comme sur la sécurité, les 35 heures ou le port de la burqa. Une stratégie du “coup d’après” que Manuel Valls balaie d’un revers de la main : “Ce qui m’intéresse, c’est que la gauche gagne en 2012.” Mais d’ici là, attendons la primaire, martèle Manuel Valls, persuadé qu’il peut y avoir des surprises. Bonnes, selon lui.
• Pierre Moscovici, le plus hésitant
“Qu’on ne croie pas que je postule à une candidature. Qu’on ne croie pas que je l’exclue.” C’est par ces mots devant la presse que le député du Doubs, proche de DSK, a tenté d’expliquer qu’il n’était pas candidat mais qu’il n’était pas non plus un non-candidat. Compris ? Et n’allez pas penser que sa démarche serait un ultimatum pour faire monter les enchères et obtenir un poste ou un début de “ralliement” à Aubry, Hollande ou Royal.
Celui qui avait pensé se lancer dans la primaire du PS, sauf si DSK y allait, se retrouve devant un dilemme depuis l’arrestation de son champion : que faire, insiste-t-il, pour voir “les idées réformistes” exister dans le débat ? Le projet du PS n’étant à ses yeux qu’un socle commun mais sans angle défini. Or à ses yeux, le renforcement de la construction européenne, la transformation écologique, la redéfinition d’un contrat entre l’Etat et les citoyens appellent des réponses plus personnalisées. D’où le texte qu’il a écrit, “L’Audace d’innover” et envoyé à tous les élus. Peu de doute qu’ils le signeront tant ces thématiques sont consensuelles. Dès lors, que peut-il faire de plus ? Se jeter dans la primaire et risquer de ne pas être soutenu par la famille strauss-kahnienne dont une partie penche déjà du côté de Martine Aubry ? A l’instar de Jean-Christophe Cambadélis. Ou attendre et voir ? “Aujourd’hui, je n’ai pas tous les éléments en main pour décider. Ma pensée chemine.” Nous voilà rassurés.
• Arnaud Montebourg, le plus déterminé
Il était le deuxième à se lancer dans la course. Depuis, Arnaud Montebourg ne chôme pas pour faire parler de lui : déplacements, interviews, livres. Avec une thématique : la “démondialisation”. Et peu importe les candidats qu’on lui oppose, le député PS de Saône-et-Loire a toujours dit qu’il irait jusqu’au bout, se définissant comme “le candidat de la nouvelle France”. L’auteur de Votez pour la démondialisation ! (Flammarion) et chantre de la VIe République vante les mérites d’un “protectionnisme moderne, vert et européen” en érigeant des barrières douanières pour protéger, explique-t-il, la France de la concurrence “déloyale” de pays qui ne s’imposent pas les mêmes règles sociales et environnementales.
Comme Valls, Montebourg veut croire qu’il sera entendu pendant la primaire, convaincu que sa candidature est l’une des rares porteuses d’une “véritable identité”. Il y a peu, Arnaud Montebourg confiait : “Les gens sont réceptifs à ce que je dis. Ils sentent la liberté de ma part. Ils ne me connaissent pas, c’est ça mon problème. Mais ça veut dire que je suis le seul à avoir des marges de progression.” Vu sous cet angle…
Marion Mourgue
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