Alors que le Parti communiste appelle toutes les forces de gauche à se rassembler pour former un “Front du peuple” face à la politique de François Hollande, son allié naturel au sein du Front de gauche, le Parti de gauche, ne partage pas le même enthousiasme. Des tensions qui pourraient entraîner la scission du Front de gauche.
Comme le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts, le Parti communiste (PC) et le Parti de gauche (PG) tenaient un conseil national dimanche 15 juin, doublé d’une autre réunion sous la bannière Front de gauche lundi 16 juin. Et comme les autres partis de gauche, l’ordre du jour ciblait le bilan nauséabond aux dernières européennes. Avec moins de 7% des voix, la gauche radicale n’a fait que maintenir son niveau de 2009, sans réussir à capter l’électorat déçu par la politique de François Hollande.
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“Le PS entraîne toute la gauche dans sa dégringolade, confiait au Monde Corinne Morel Darleux, une dirigeante du Parti de gauche. On n’a pas su se distancer suffisamment pour ne pas être entraînés”. Pire, les deux grandes forces du Front, le Parti communiste et le Parti de gauche, se sont tirés dans les pattes au moment des alliances aux municipales. Des tensions apparues au grand jour lorsque les communistes ont opté pour une union avec les socialistes à Paris plutôt qu’avec leurs camarades mélenchonistes.
“On assiste à une guerre extrêmement violente au sein du Front de gauche avec deux stratégies incompatibles, analyse un socialiste de l’aile gauche du PS. La première, c’est celle du bloc gauchiste, avec le PG et EE-LV qui considèrent qu’il existe deux gauches distinctes, et qu’il faudrait faire une révolution pour en finir avec le social-libéralisme. La deuxième, celle du PC, de Gauche unitaire et d’autres groupuscules, qui veulent former un Front populaire avec toutes les forces de la gauche”.
Deux versions pour un Front
“Le ‘Front du peuple’ est proposé par le PG depuis plusieurs mois, corrige sans rire la porte-parole du parti Raquel Garrido. On est hyper contents que le PC adopte ce vocable”. Mais si les communistes se sont montrés très clairs sur leur volonté de constituer un front regroupant “toutes les forces de gauche disponibles”, le PG, lui, l’est un peu moins. Ainsi, Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon, co-présidents, ont répondu positivement à la demande de débat commun formulée par EE-LV vendredi dernier. Mais ce dernier n’a pas assisté à la réunion du Front de gauche lundi sur la question. “Il boude », rigole un communiste. “Jean-Luc ne vient jamais à ces réunions, tempère encore Raquel Garrido. Ce n’est pas un sujet”.
Pareillement, le communiste Pierre Laurent multiplie avec enthousiasme les rendez-vous avec les déçus du hollandisme : chez les socialistes affligés de l’ex-eurodéputé socialiste Liêm Hoang-Ngoc, au conseil national du courant PS Un Monde d’Avance, ou encore on le verra vendredi 20 juin au meeting organisé à Bellerive-sur-Allier par le socialiste Gérard Filoche. “On veut un Front de gauche, plus large, à une autre échelle avec le plus de forces possibles”, martèle Pierre Laurent, qui n’écarte pas les liens avec le PS. “Jean-Christophe Cambadélis souhaite créer une alliance de gauche pour les élections sénatoriales en septembre, explique le secrétaire national. Nous y sommes favorables si nous conservons la même représentation”.
Côté Gauche unitaire, on pousse les liens avec le PS encore plus loin. Le leader de GU, Christian Picquet, qui estime son parti sous-représenté au sein du FdG, est déjà en pleine discussion avec la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann, dirigeante du courant Maintenant la Gauche.
L’exigence du PG
Une ouverture d’esprit que le PG refuse en bloc. “Certes le PG n’est pas monolithique, mais on ne va pas s’acoquiner avec le PS, affirme Raquel Garrido. On n’a pas fait 6-7% des voix dans un océan d’abstention pour accepter les combines politiques des socialistes. On ne sera pas les violonistes sur le Titanic du social-libéralisme”. Exigeant, le PG a répété lors de son conseil national, que s’il était ouvert aux débats, il y a des orientations programmatiques sur lesquelles il ne transigera pas. Impossible ainsi de nouer des liens avec EE-LV ou des composantes de la gauche radicale sans partager l’idée d’une VIe République doublée d’une “règle verte”.
“On a encore le temps, les prochaines élections au suffrage universel auront lieu en décembre 2015 pour les régionales”, conclue Pierre Laurent. Outre un “remue-méninges” organisé par le PG fin août, le Front de gauche organisera des assises dès la rentrée. Entre-temps, l’été devrait être l’occasion de discuter convergences programmatiques avec les nouveaux alliés de la gauche radicale
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