L’apparition des algorithmes et la surveillance de masse de nos navigations ont pourri le climat cool d’internet.
Trackers, cookies, profiling watermarking… : on pourrait continuer à cultiver une méconnaissance assumée de ces mots barbares qui envahissent le discours sur le monde numérique s’ils n’abritaient en eux-mêmes des périls qui devraient mobiliser toute notre attention. Car même si beaucoup d’internautes devinent confusément leur existence, le développement des techniques de surveillance de nos conduites nous oblige à une vigilance accrue et à une réflexion sur la question du big data et de l’utilisation de nos données.
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Avec la série interactive Do Not Track, en ligne sur arte.tv, le pari fait par Arte France, l’Office national du film du Canada et Alexandre Brachet, patron du studio de production interactive Upian, consiste à affermir les consciences endormies sur ces sujets opaques, dont le principal vice tient à ce que leur technicité permet de masquer les atteintes aux libertés. Réalisée en trois langues, cette coproduction internationale vise ainsi à nous rappeler à quel point “plus nos contenus sont personnalisés, moins nous sommes égaux”.
A travers sept épisodes, progressivement mis en ligne entre le 14 avril et le 9 juin, le réalisateur de la série, Brett Gaylor, militant d’un internet libre et indépendant, éclaire les nombreux points aveugles de nos gestes compulsifs. Car les trackers nous observent du matin au soir : nos navigations égarées sur les réseaux sociaux font l’objet d’un contrôle serré et infini. Au point que, grâce aux algorithmes sophistiqués, des entreprises (les fameux “GAFA”, Google, Apple, Facebook, Amazon, ainsi que les boîtes spécialisées en ciblage publicitaire) croient savoir beaucoup de nous, au-delà même de ce que nous pouvons imaginer (profils psychologiques, goûts culturels, préférences politiques…). Mais comme le démontre Brett Gaylor dans l’épisode 6 (en ligne le 9 juin), “Bulles de filtres”, le web nous impose aussi des contenus en fonction du profil que dessine notre historique de navigation et nous enferme dans “une bulle” que nous n’avons pas choisie.
“Internet connaît déjà ce que vous n’aimez pas encore”
Les auteurs et journalistes des autres épisodes – Vincent Glad, Zineb Dryef, Richard Gutjahr, Virgine Raisson, Sandra Rodriguez – énoncent très clairement les modes opératoires de ce système de surveillance disséminé, en se penchant sur des thèmes distincts comme la publicité personnalisée, les téléphones mobiles espionnés, les règles de l’interprétation algorithmique, le futur du tracking…
“Internet connaît déjà ce que vous n’aimez pas encore”, préviennent les auteurs, dont chaque épisode constitue un éclairage éloquent, à partir duquel une interaction personnalisée peut se développer. Les internautes sont invités à laisser les auteurs jouer avec leurs données et se laisser traquer (les données ne seront évidemment pas soumises à des tiers), afin de les mettre face à la réalité concrète du tracking. L’ergonomie et l’habillage dynamique de la série, dont Upian maîtrise parfaitement les codes, enrichit l’expérience de l’internaute traqué et tracker, perdu et retrouvé.
Do Not Track série interactive en ligne sur arte.tv/donottrack
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