De la responsabilité des médias dans la stigmatisation des musulmans.
En titrant à la une de son dernier numéro « Cet islam sans gêne », illustré par le visage d’une femme voilée, l’hebdomadaire Le Point, fidèle à sa ligne éditoriale rétive à la nuance, assume au moins deux « points » problématiques.
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Le premier tient à sa volonté purement cynique et opportuniste de provoquer, de faire scandale, de chatouiller les bons sentiments des intellos de gauche qu’il aime par-dessus tout exaspérer au nom de son refus des tabous, qui flirte évidemment avec le nouvel ethos d’une droite décomplexée. Le second, plus grave, renvoie à l’obsession collective de ce que le sociologue Raphaël Liogier appelle, dans son dernier essai courageux paru au Seuil, « le mythe de l’islamisation ». Pas nouvelle, mais de plus en plus radicalisée, cette stigmatisation, non plus seulement des islamistes mais des musulmans eux-mêmes, pose la question de la « responsabilité » des médias.
Ce pernicieux glissement sémantique d’un rejet, passant de la catégorie « islamiste », certes inquiétante, à celle de simple musulman, est le symptôme d’un vrai malaise identitaire, mais aussi des errements de certains journaux lanceurs d’alertes plus dangereux pour la paix sociale que ceux qu’ils désignent avec mépris. De sondages peu rigoureux, comme celui, récent, du Figaro sur le rejet supposé de la majorité des Français vis-à-vis de leurs compatriotes musulmans (dont l’immense majorité participe à la cohésion nationale), en couvertures sensationnalistes, dont Le Point use et abuse depuis des années, l’impact des journaux dans le climat paranoïaque actuel se révèle décisif et dommageable. La vraie gêne, c’est de devoir faire face à de telles unes toxiques.
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