Le Public Theater de New York met en scène une nouvelle adaptation de la pièce de Shakespeare, “Jules César”. Mais dans cette version présentée au festival Shakespeare in the Park, c’est un Jules César aux allures de Donald Trump que les conspirateurs assassinent, animés par un sens profond du patriotisme. Plusieurs investisseurs comme Delta Air Lines et Bank of America ont […]
Le Public Theater de New York met en scène une nouvelle adaptation de la pièce de Shakespeare, « Jules César ». Mais dans cette version présentée au festival Shakespeare in the Park, c’est un Jules César aux allures de Donald Trump que les conspirateurs assassinent, animés par un sens profond du patriotisme.
Plusieurs investisseurs comme Delta Air Lines et Bank of America ont définitivement retiré leur soutien financier après plusieurs jours de polémique.
Le meurtre de l’empereur romain, alias Trump en costard, n’a pas du tout été au goût de la presse républicaine, à commencer par Fox News : « La pièce représente le président Trump brutalement poignardé à mort par les femmes et les minorités ». Guy Benson, interrogé par la chaîne de télévision, a comparé leur performance avec celle de l’humoriste Kathy Griffin qui avait créé la polémique en posant avec une fausse tête décapitée de Trump. « Cette pièce fait preuve d’un tel manque de goût que je m’étonne qu’ils n’aient pas recruté Kathy Griffin dans le casting. »
Tu quoque mi fili ?
La polémique a pris une nouvelle ampleur lorsque Trump Junior, le fils du président, s’est étonné de savoir la pièce financée par de grandes compagnies américaines. Quelques unes d’entre elles n’ont pas tardé à se désister.
I wonder how much of this "art" is funded by taxpayers? Serious question, when does "art" become political speech & does that change things? https://t.co/JfOmLLBJCn
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) June 11, 2017
Après avoir annoncé le retrait de son soutien financier à la production, la compagnie Delta Air Lines a expliqué : « la mise en scène graphique de Jules César ne reflète pas nos valeurs« . Quelques heures plus tard, Bank of America a suivi le mouvement. Leur porte-parole, Susan Atran, a indiqué ne pas mettre fin pour autant à leur collaboration avec le Public Theater.
https://twitter.com/Delta/status/874260234625265664
L’ensemble des sponsors a du répondre aux injonctions à se retirer sur les réseaux sociaux. « Nous croyons à la liberté d’expression pour les arts et les médias, c’est pourquoi nous continuerons à soutenir les choix de mise en scène du Public Theater« , a annoncé The Times, qui sponsorise le festival Shakespeare in the Park depuis 20 ans.
Un César-Trump « ivre de pouvoir »
César-Trump et sa mèche blonde, son costume bleu ou encore les accents slaves de sa femme, ne sont pas les seuls détails de mise-en-scène qui agaceraient le président. La comparaison est poussée au point que certains des acteurs portent des « pussy hats » ou des masques Anonymous.
Le Public Theater a annoncé qu’il maintiendrait les représentations malgré la polémique : « Jules César ne fait en aucune façon l’apologie de la violence envers quiconque« . Le metteur en scène, Oskar Eustis, s’est également exprimé dans une note publiée en ligne : « Jules César représente la fragilité d’une démocratie. Les institutions avec lesquelles nous avons grandi, héritées de nos ancêtres qui se sont battus pour elles, peuvent disparaître en un instant« .
Dans une interview donnée au site Backstage, Gregg Henry (l’interprète de César-Trump) a expliqué pourquoi il trouvait la comparaison intéressante :
« la corrélation entre l’empereur romain et notre président n’est pas valable sur bien des aspects. Jules César était un empereur qui a beaucoup apporté à notre monde, un innovateur et un grand leader mais il s’est enivré de son pouvoir, de son égo, de ses ambitions et de l’idée que lui et lui seul devait régner ».
Les représentations, qui ont débuté en avant-première le 23 mai, devraient se poursuivre au théâtre Delacorte jusqu’au 17 juin.