Un collectif appelle les immigrés et ceux qui les soutiennent à cesser le travail pendant une journée pour mesurer l’importance de l’immigration dans l’économie française.
L’initiative « 24 heures sans nous – Un jour sans immigrés », lancée début octobre, a précédé de peu le débat sur l’identité nationale. Au moment où les regards se tournent vers les « immigrés », récemment arrivés sur le territoire ou habitants de longue date, tour à tour désignés comme richesse de la nation française ou comme coupables de son déclin, elle se propose de faire le point.
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« Nous, femmes et hommes, de toutes croyances, de tous bords politiques, et de toutes couleurs de peaux, immigrés, descendants d’immigrés, citoyens conscients de l’apport essentiel de l’immigration à notre pays, en avons assez des propos indignes tenus par certains responsables politiques visant à stigmatiser ou criminaliser les immigrés et leurs descendants ». Ainsi débute le manifeste du collectif.
Sur le modèle du « day without migrants » qui a eu lieu le 1e mai 2006 aux Etats-Unis, le collectif incite les immigrés à cesser le travail pendant une journée, le 1e mars 2010. Pour voir, et peser l’importance des immigrés dans l’économie française. « Pour la première fois en France, nous décidons de ne pas participer à la vie de la Cité. Par cette absence, nous voulons marquer la nécessité de notre présence. »
Nadir Dendoune, l’un des porte-parole du mouvement, est journaliste indépendant et écrivain. Il reconnaît que son boulot lui permet de « parler plus fort » que les petits, travailleurs silencieux, anonymes, discrets. « Pour voir le visage de la France qui se lève tôt, il suffit d’aller dans le métro à 5 heures du matin », glisse-t-il. On n’y trouve pas que des Auvergnats.
A l’origine de la Journée sans immigrés, les propos de Brice Hortefeux à Seignosse ont provoqué une colère persistante. « C’était la goutte d’eau », explique Nadir Dendoune, « après ce qu’avaient dit Georges Frêche, Manuel Valls… Ces propos ne sont plus l’apanage de l’extrême-droite ».
Nadir Dendoune est né en France, à Saint-Denis. Quand il a gravi l’Everest sans préparation (pareil, pour voir…), il a brandi une pancarte « 93 ». Français de naissance, il reprend à son compte la formule de Sartre « Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif ». Dénonce « le mépris, les insultes, la méfiance », envers ceux que l’on tient pour immigrés alors qu’ils ne sont jamais sortis de France. « Mes gosses seront encore considérés comme issus de l’immigration. » La journée sans immigrés vise donc à regrouper des étrangers, des Français nés de parents étrangers et tous ceux qui veulent affirmer leur solidarité.
Pourquoi s’exprimer en cessant le travail ? « Aujourd’hui on veut taper là où ça fait mal, sur l’économie. Certains disent que l’immigration est un problème, nous voulons montrer que quand on n’est pas là, la France ne marche pas.» Jusqu’au 1e mars prochain, le collectif prévoit divers tractages pour se faire connaître, et a créé un groupe Facebook dédié, qui compte déjà plus de 5000 membres. A la clé, pas de revendication particulière pour Nadir Dendoune : juste « marquer les esprits », « pour que le regard change ».
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