Mardi, le Collectif des féministes contre le viol lance la première campagne télévisée sur le viol conjugal. Cette opération de sensibilisation vise à dénoncer l’un des plus grands tabous en France.
« Une femme, elle doit répondre à toutes les envies de son mari. C’est ça, le devoir conjugal. Et puis, elle ne peut rien dire, avec les enfants qui dorment à côté. Où irait-elle se plaindre ? » C’est avec ces mots chocs et une tonalité glaciale que le spot de sensibilisation commence. A l’initiative du Collectif féministe contre le viol (CFCV), la première campagne télévisée contre le viol conjugal est lancée aujourd’hui sur Internet et à la télévision.
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Pendant 30 secondes, la voix grave de l’homme contraste fortement avec les images. Sur l’écran, une femme apparaît seule, comme brisée par la violence conjugale. Le message est clair : « Ne laissez plus votre conjoint s’exprimer à votre place« .
Viol sur l’oreiller
« Cette vidéo cherche à montrer l’emprise que peut avoir un agresseur sur sa victime », explique Gilles Lazimi, médecin généraliste et membre du CFCV. C’est donc pour lever le voile sur le viol conjugal que l’association a décidé de faire ce spot vidéo. Diffusée sur les chaînes hertzienne, la campagne veut pousser les victimes à sortir du silence, notamment avec l’utilisation d’un numéro vert (0 800 05 95 95).
D’après le Collectif Contre le viol, près de 75 000 femmes sont victimes de viol chaque année en France, ce qui équivaut à environ 200 femmes par jour. Or, une fois sur trois, ces victimes sont abusées par leur compagnon. C’est ce que l’on appelle aussi le « viol sur l’oreiller », celui où le conjoint ou l’amoureux vous force à avoir une relation sexuelle.
« On parle beaucoup des agressions physiques ou verbales, mais on oublie souvent l’importance des délits sexuels au sein du couple. Seulement 10% des femmes osent porter plainte à la police », déclare Gilles Lazimi.
Le sacro-saint « devoir conjugal »
C’est seulement depuis 1990 que le viol entre époux est reconnu par la loi. Désormais, ce crime est passible de la cour d’assises, les peines pouvant aller jusqu’à la perpétuité en cas de torture ou de séquestration.
« Même si les hommes prennent beaucoup plus en considération les désirs et envies des femmes, le sacro-saint devoir conjugal reste encore ancrée dans les mentalités », déclare Emmanuelle Piet, gynécologue et présidente du collectif . Elle ajoute qu’il y a encore « énormément de choses à faire pour que les victimes ne se sentent plus coupables et comprennent qu’elles ont bel et bien été victimes de viol ».
Laura Adolphe
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