La brigade anticriminalité de la ville bretonne fait figurer un sous-marin allemand de la Seconde Guerre mondiale sur son projet de nouveau logo.
Le nouvel écusson choisi par les policiers de la brigade anticriminalité de Lorient fait débat. Au centre du logo figure le dessin d’un sous-marin militaire portant le numéro 56, celui du département du Morbihan. Le problème ? Il s’agit en fait d’un engin militaire allemand, un U-Boot (abréviation de unterseeboot, sous-marin en français) qu’utilisaient les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, relate le Parisien jeudi 8 août. Ce choix surprenant pour une unité de la police nationale française a d’abord été dévoilé par le rédacteur en chef du mensuel local Le Peuple Breton sur Twitter.
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Je découvre via un ami l'existence de cet emblème de la Brigade Anti-Criminelle (BAC) de #Lorient. Symboliquement, un U-Boot (sous-marin de l'armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale), c'est un peu spécial quand même, non? @Prefet56 @gouvernementFR pic.twitter.com/fWq15k88NR
— Gael Briand (@GaelBriand) August 6, 2019
Un engin emblématique de la ville
« Cet écusson a été créé à l’occasion de la réouverture de la BAC de jour de Lorient », explique François Le Texier, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police-FO au Parisien. Fermée en 2016, la brigade a été rouverte au printemps. « C’est une allusion à l’histoire de Lorient, ‘la ville aux cinq ports’. Les policiers de la BAC portent leur ville dans leur cœur », ajoute-il faisant référence à la base sous-marine de Kéroman qu’a abritée la ville jusque dans les années 1990. Pendant la seconde guerre mondiale, la base a été exploitée par l’armée allemande et reprise par la marine française à la libération. Aujourd’hui, elle a un sous-marin transformé en musée, le Flore S645. Le responsable syndical affirme que l’écusson représente ce submersible et pas un engin allemand.
Une explication qui ne convainc pas vraiment d’anciens sous-mariniers lorientais interrogés par Le Parisien. « Ce dessin n’a rien à voir avec le Flore », affirme Michel Scarpellini, ex-officier de la Marine nationale qui a participé à la restauration du submersible. Le marin est catégorique, ce n’est pas un sous-marin français qui est représenté mais bien un U-Boot reconnaissable à « son allure caractéristique des sous-marins de cette époque ».
Marc Castel, féru de U-Boot et membre de l’Amicale des sous-mariniers de Lorient l’affirme lui aussi, après avoir analysé le dessin. « Chaque pays a son type de construction, chaque sous-marin est identifiable à la forme de sa coque, son massif et à sa cathédrale. Il s’agit bien d’un dessin pris sur un modèle de sous-marin allemand ».
L’Amiral Jehan Marion, co-auteur de L’Encyclopédie des sous-marins français, identifie, de son côté, « un type VII-C, reconnaissable à ses trous de superstructure ».
Le logo sera probablement refusé par la hiérarchie
Le commissaire divisionnaire Alain Beauce de la DDSP (Direction départementale de la sécurité publique) dont dépend la BAC de Lorient assure pour sa part au Parisien : « On va faire la lumière là-dessus en interne, affirme-t-il. Je vais avoir des explications. » Il précise qu’« il s’agit d’un projet qui n’a pas été validé par la hiérarchie ».
Avant même que le projet de logo parvienne à la DDSP, une enquête administrative à ce sujet a été ouverte, comme l’a révélé Ouest France. Il est désormais très peu probable que le projet d’écusson de la BAC de la ville bretonne soit validé. « Qu’il soit français, allemand, anglais, américain, il n’y aura pas d’écusson avec un sous-marin. Comme ça, il n’y aura pas de polémique », conclut le commissaire.
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