Une proposition de vote sur une interdiction de la circoncision infantile devrait faire son apparition devant les électeurs de la ville de San Francisco en novembre prochain. La mesure serait « une atteinte à la liberté religieuse » pour Saïd Aalla, président de la Grande mosquée de Strasbourg et « inefficace » pour Moshé Lewin, porte-parole du grand rabbin de France.
« Puisse le prépuce rester avec vous« , est le type de slogans inscrits sur leurs badges. Eux, ce sont les défenseurs de la proposition de vote visant à interdire, dans la ville de San Francisco, la circoncision de tout enfant de moins de 18 ans. « Couper une partie du corps de quelqu’un sans qu’il ait son mot à dire, c’est juste de la folie« , explique aux habitants de San Francisco Jonathan Conte, 29 ans, se définissant comme « un homme en colère contre ses parents » qui l’ont circoncis.
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La mesure (hypothétique) toucherait essentiellement les juifs et les musulmans dont les enfants sont circoncis à l’âge de 8 jours pour les premiers et entre 1 et 6 ans pour les seconds.
Saïd Aalla, président de la Grande mosquée de Strasbourg assure qu’un telle mesure toucherait « indéniablement à la liberté religieuse et une tradition très ancrée dans la culture musulmane« .
« C’est une recommandation du prophète qui symbolise la purification de la personne. Tous les musulmans le font faire chez leurs enfants âgées de 1 à 6 ans (et jusqu’à 13 ans). Cette petite intervention chirurgicale est pratiquée dans une clinique par un médecin classique. »
Lloyd Schofield, l’un des leaders menant le combat contre la circoncision à San Francisco, affirme avoir déposé 12 265 signatures quand 7 168 seraient suffisantes pour provoquer un vote. La vérification est en cours, quand elle sera achevée, les habitants de la ville californienne devraient trancher la question en novembre 2011.
Moshé Lewin, rabbin et porte-parole du grand rabbin de France doute néanmoins de l’aboutissement d’une telle interdiction dans la ville de San Francisco « où énormément de lois sont soumises à référendum étant donné que réunir les 7 à 8 000 signatures nécessaires n’est pas très difficile » dans une ville comptant plus de 800 000 habitants.
« Je vois mal comment interdire une pratique dont la signification remonte tout simplement à Abraham. Elle symbolise une alliance dans sa chair avec Dieu. Si encore il y avait une raison médicale. Mais au contraire, la circoncision est parfois conseillée pour des raisons d’hygiène en dehors de toute signification religieuse. »
Si la loi était adoptée, elle entraînerait une amende de 1000 dollars et une condamnation pouvant aller jusqu’à un an de prison pour toute personne l’enfreignant. « De toute façon, ajoute Moshé Lewin, une telle mesure serait inefficace, les gens iraient dans un Etat voisin pour se faire circoncire. »
Geoffrey Le Guilcher
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