Un journal d’extrême-droite titre sur « Les juifs qui dominent la France ». La publication a été interdite mi-juillet mais était toujours en kiosque à Lyon jeudi.
Feuille de chou trimestrielle du très occulte Parti National Radical, le simplement nommé Le National Radical fait sa Une estivale sur «Les juifs qui dominent la France». Un sujet vacances aux clairs relents antisémites.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Dans les colonnes de la publication perlent les noms de personnalités juives qu’ils soient journalistes, intellectuels, politiques… toutes censées diriger le destin de la France. Une «démarche infamante» comme note Renaud Revel qui tient le blog Immédias sur le site de L’Express. C’est ce dernier qui a révélé l’information ce jeudi, indiquant que le journal était en vente dans un Relais H de la gare La Part-Dieu à Lyon.
Le soucis, c’est que ce seizième numéro du National Radical est interdit à la vente sur décision de justice.
« Le 15 juillet, ce titre a été enlevé des rayons par les points de vente. Il peut malencontreusement arriver que l’un d’entre eux rate une consigne, très souvent du fait de l’encombrement des magasins et des titres déplacés de leur endroit normal par les clients. », explique le service de presse de Prestalis sur le blog de Renaud Revel.
Condamné pour incitation à la haine raciale
Sortie en kiosques mi-juillet, la publication et ses responsables ont été immédiatement attaqués en justice par plusieurs associations parmi lesquelles la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Motif de la plainte : incitation à la haine raciale.
Dès le lendemain, la dix-septième chambre du Tribunal correctionnel de Paris rendait son verdict, exigeant «le retrait immédiat» du journal de tous les kiosques et condamnant le parti National Radical au versement d’une amende de 1500 euros à chacune des cinq associations plaignantes au titre de l’article 700 du Code Civil.
Contacté par les Inrocks, le président du parti nationaliste, Maurice Martinet se désole de cette situation:
«Une fois de plus, nous avons la preuve qu’il y a des vérités que l’on ne peut pas dire. Cette décision de justice nous rappelle que l’on a pas le droit d’indiquer qui nous gouverne vraiment.»
Pestant, le président, installé dans le bureau de sa permanence à Ainay-le-chateau, près Vichy, s’indigne contre ses détracteurs:
«Ces associations sournoises qui agissent de manière néo-fascisante en nous attaquant en plein été quand il nous est impossible de faire appel à nos avocats pour obtenir un renvoi de la décision du tribunal.»
Prenant en charge lui-même sa défense, Maurice Martinet affirme qu’il est impossible de décrire le National Radical comme publication antisémite:
«Notre publication a été autorisée dans les règles de l’art : nous avons déposé un dossier auprès du parquet et nous sommes enregistrés auprès de la Commission paritaire des publications et agences de presse.»
Mieux encore, le président indique qu’il n’a fait que s’inspirer dans son quotidien d’un article intitulé «Les juifs qui dominent et détruisent la France» qui circule sur Internet. Ce document établit une « liste » de ces juifs qui «dominent la France». On y retrouve par exemple cette sublime notice sur un DJ connu :
«GUETTA, David. Animateur de boîte de nuit fréquentée par le “Tout Paris”. Né dans une famille juive originaire du Maroc, il est marié à une entraîneuse sénégalaise ».
De son côté, la Licra continue de dénoncer «la dérive antisémite d’un groupe de nervis d’extrême-droite». Interrogés par les Inrocks, les responsables de l’association ont indiqué qu’ils pourraient de nouveau porter l’affaire en justice s’il s’avérait que le journal était toujours en vente à Lyon.
Par ailleurs, la Licra a également indiqué qu’elle pourrait prochainement demander la fermeture du site du parti qui continue de mettre en ligne sur sa homepage sa fameuse Une.
Un parti d’entêtés
Maurice Martinet a plutôt les idées claires quand il s’agit d’évoquer «l’aubaine» que représente cette affaire pour son journal:
« Au moins, cette histoire dévoile les vraies intentions des adversaires de la France. Ces commerçants de l’anti-racisme veulent nous museler pour gérer le pouvoir. Cette fois, nous le savons.»
Et Maurice de prodiguer un dernier conseil à bon entendeur :
«De toute façon, vous qui êtes journaliste, n’essayez pas d’aborder ce sujet. Vous risqueriez d’avoir des ennuis. Enfin, j’espère d’abord que vous ne faîtes pas partie de la communauté juive hein.» Ambiance.
Maurice Martinet affrontera une nouvelle fois la Justice le 9 septembre prochain. Il est attaqué cette fois par la section Rhône-Alpes de la Licra, également pour incitation à la haine raciale.
En attendant, le bonhomme continue son petit business droitier et prépare le prochain numéro de son journal. En Une: le même titre, mais cette fois barré par la mention «Censuré».
Nota Bene: jamais à court de frasques, les dirigeants du parti étaient mardi à la barre du tribunal correctionnel du Puy-en-Velay. Ils sont attaqués en Justice pour avoir notamment placardé des affichettes dans la ville présentant le secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez comme une «petite tapette des jufs de Paris»…
{"type":"Banniere-Basse"}