« Impose les naissances si tu le souhaites, Argentine, mais désigne au moins cette obligation par son nom. C’est de l’esclavage », écrit-elle dans un texte publié dans un grand quotidien argentin.
En Argentine, la légalisation de l’avortement est au centre de tous les débats. Après son adoption par les députés le 14 juin dernier, le texte est en ce moment même examiné par les sénateurs qui devront voter le 8 août. C’est dans ce contexte que l’auteure du roman La Servante écarlate (adaptée en série pour Hulu), la Canadienne Margaret Atwood a tenu à participer au débat en signant une tribune dans l’un des plus grand journaux.
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Sur Twitter, le 25 juin dernier, elle interpellait la vice-présidente argentine et présidente du Sénat, Gabriela Michetti, fermement opposé au texte. Elle lui demandait alors de « ne pas détourner le regard des milliers de femmes mortes chaque année à cause de l’avortement illégal », et de donner « aux Argentines le droit de choisir ».
« Un Etat esclavagiste ? »
Vicepresident of Argentina @gabimichetti: don't look away from the thousands of deaths every year from ilegal abortions. Give argentinian women the right to choose! #AbortoLegalYa #QueElAbortoSeaLey #NiUnaMenos #AbortoEnSenadoYa @cdnwomenfdn @equalitynow
— Margaret E Atwood (@MargaretAtwood) June 25, 2018
Dans une interview au quotidien conservateur La Nacion, la vice-présidente du pays expliquait, le 1er juillet, que l’avortement ne peut pas être autorisé, et peu importe les circonstances. Alors que le journaliste l’interroge sur les cas de viol, elle répond : « Je le répète. On peut donner faire adopter l’enfant, voir comment l’on se sent pendant la grossesse, consulter un psychologue, ou que sais-je encore. » En réaction, le journal UNO Santa Fe a contacté, ce lundi, Margaret Atwood qui a choisi de répondre par une tribune intitulée « A Slave State ? » (« Un État esclavagiste ? ») où elle assimile l’interdiction de l’avortement à l’esclavage.
La Servante écarlate : un symbole fort pour les argentines
« Les femmes qui ne peuvent pas décider si elles veulent des enfants ou non sont des esclaves, car l’État revendique la propriété de leur corps et le droit de décider de l’usage qui doit en être fait, écrit-elle. Un enfant est un cadeau, donné par la vie elle-même. Mais un cadeau doit être librement donné et reçu. Il peut aussi être rejeté. Un cadeau qui ne peut être rejeté n’est pas un cadeau mais un symbole de tyrannie. Et conclut par : Impose les naissances si tu le souhaites, Argentine, mais désigne au moins cette obligation par son nom. C’est de l’esclavage. »
Lorsque les débats ont commencé ce mardi, des membres du collectif « journalistes argentines » ont défilé devant le parlement, vêtues d’une longue cape rouge et d’un bonnet blanc. Tout comme les personnages de La Servante écarlate, qui raconte l’histoire de femmes dépourvues de leurs droits et dont l’unique destinée est la reproduction. Margaret Atwood s’est d’ailleurs ici inspirée du scandale des bébés volés sous la dictature argentine de la fin des années 70.
#Ahora | Vestidas de El Cuento de La Criada frente al Congreso. #AbortoLegalYa https://t.co/SY2kSqwkvq
— lavaca tuitera (@Lavacatuitera) July 10, 2018
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