Arte diffuse Désobéissant·e·s !, un film fort et nécessaire en ces temps de crise sanitaire qui met à rude épreuve l’activisme.
16 mars 2019. Une vague verte déferle en France : des manifestant·es défilent dans le pays pour dénoncer l’urgence climatique, réclamer la justice sociale mais aussi lutter contre le racisme et les violences policières. Une convergence des luttes qui rassemble près de 100 000 personnes dans la capitale, pour une mobilisation pacifique, calme et joyeuse. Pourtant, le soir même les JT ouvrent avec les images des affrontements entre Gilets-jaunes et forces de l’ordre sur les Champs-Elysées. Dépités, les activistes de La Base – du nom du QG des citoyen·nes engagé·es pour le climat – accusent le coup. « Comment faire pour que les médias en parlent ? », s’interroge Elliot Lepers, fondateur de l’ONG Le Mouvement. Tou·tes n’ont alors qu’une seule certitude : à la violence des images, il faut opposer la force des symboles. Celui d’un raz-de-marée humain qui privilégie l’action directe pacifique et la désobéissance civile. Cette image filmée par Alizée Chiappini et Adèle Flaux dans leur documentaire Désobéissant·e·s ! matérialise tout l’enjeu du mouvement pour le climat en France.
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Pendant un an et demi, les deux réalisatrices ont pu suivre de l’intérieur cette mobilisation sans précédent de toute une jeunesse qui milite et transgresse pour sauver la planète. Et nous donne l’effet de plonger dans un monde parallèle, celui d’une jeunesse qui n’a plus le temps d’attendre le réveil des gouvernements. Le tout raconté par la voix off de la chanteuse et comédienne Camélia Jordana.
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« Et c’est cette gêne qui est intéressante… »
Eté 2018, affolé·es par l’inaction des gouvernements à agir, des mouvements fleurissent partout en Europe et réinventent l’engagement citoyen. Face aux forêts qui s’embrasent, à la fonte des glaces et au réchauffement climatique l’urgence est bel et bien là. Alternatiba, Extinction Rebellion, ou encore ANV-Cop 21 s’organisent. Marie Toussaint lance une pétition réclamant la poursuite en justice du gouvernement pour inaction climatique et récolte 2 millions de signatures. Rien que ça.
La fresque d’Alizée Chiappini et Adèle Flaux revient également sur plusieurs moments forts de la mobilisation comme les décrochages de portraits d’Emmanuel Macron dans les mairies visant à dénoncer « le vide de sa politique écologique », ou encore le blocage de La Défense, ce haut lieu de « la République des pollueurs » – la plus grande action de désobéissance civile jamais organisée en France (2000 bénévoles). Mais aussi sur les poursuites judiciaires, les arrestations et les gazages en nombre.
S’ensuit d’ailleurs une scène qui résume les débats. Devant le ministère de la transition écologique dont l’entrée est bloquée par des activistes, un fonctionnaire s’agace : « Votre mode d’action est contre-productif au possible ! ». Un autre cadre s’approche et tempère : « A partir du moment où l’on travaille pour un gouvernement et où l’on voit les réunions régulièrement annulées et où les notes que l’on produit ne sont plus lues, ça provoque une gêne. » Et d’ajouter : « Et c’est cette gêne qui est intéressante… »
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Disponible sur Arte.tv du 20/11/2020 au 24/02/2021 et prochaine diffusion sur Arte le vendredi 27 novembre à 22:25
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