Après l’attentat survenu à Copenhague samedi 14 février, le dessinateur de presse Hervé Baudry a exprimé sa colère dans un dessin mettant en scène la sirène du port de Copenhague et réutilisant le désormais fameux slogan « Je suis Charlie ».
« Jeg Er Charlie », « Je suis Charlie » en danois. Ce sont les mots qui sortent de la bouche de la sirène de Copenhague quelques heures à peine après qu’un attentat a frappé la capitale du Danemark. Du moins dans un dessin signé du caricaturiste Hervé Baudry. Langoureusement allongée sur son rocher, sa sirène n’en brandit pas moins un doigt d’honneur rageur, insolent.
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Le matin même, Hervé Baudry (qui collabore avec Rue89 et Public Sénat) termine un autre dessin de presse, spécial Saint-Valentin, qui montre un djihadiste offrir un soutien-gorge à sa kalashnikov :
#Daesh #Kobane #media #urgent #SaintValentin #ValentinesDay pic.twitter.com/A2Pagilrxq
— Baudry (@hervebaudry) 14 Février 2015
Puis, il sort se promener sur la butte Montmartre, à Paris, où il habite. Ce n’est qu’à son retour qu’il découvre sur Twitter qu’une fusillade a fait un mort et trois blessés lors d’un débat portant sur l’« art, le blasphème, la liberté », organisé au centre culturel Krudttønden, dans le quartier nord de la capitale. « Là, la sirène du port de Copenhague m’est venue naturellement. De plus je voulais une situation de contre-emploi : une statue de sirène lascive, penseuse, calme voire endormie. Je la dessine et modifie son bras droit qui lui sert d’appui en lui faisant faire ce doigt d’honneur, ce doigt de résistance, de colère en pensant au peuple danois qui, lui, a dû sentir ce frisson que nous avons connu il y a un mois », nous raconte-t-il. Quant à l’utilisation du slogan « Je suis Charlie », il a, selon lui, « dépassé le simple fait de parler d’un journal pour devenir le symbole de la liberté d’expression ». Il ajoute : « Il y a une forme d’appropriation forte du verbe.«
« Ce dessin étant simple dans sa lecture et son geste, il a été décodé très vite »
Une fois terminé, Hervé Baudry balance son dessin sur ses comptes Twitter et Facebook :
#Urgent#EI#Attentat#Danemark#Copenhagen#CopenhagenShooting#LarsVilks#Copenhague#JeSuisCharlie#jergerCharliepic.twitter.com/NkBAodJAmy
— Baudry (@hervebaudry) 14 Février 2015
En conjuguant dans un même dessin une référence à l’attentat de Charlie Hebdo, le symbole de Copenhague, ainsi qu’un geste fort (le doigt d’honneur), Hervé Baudry fait mouche, et assure à son illustration une certaine viralité. Le site Topsy recense 793 tweets de photo portant la mention « Jeg er Charlie », dont une majeure partie concerne le fameux dessin. Pour l’intéressé, l’explication est basique : « Ce dessin étant simple dans sa lecture et son geste, il a été décodé très vite » :
« La force des réseaux sociaux est à double tranchant, analyse-t-il : soit elle permet aux idées, aux caricatures de voyager très rapidement et d’aller toucher des gens dans des contrées qui ne possèdent pas les codes, les outils pour analyser, décrypter les sujets. Où l’humour, la dérision, la critique n’ont pas leur place. Soit, en revanche, elle devient une bouffée d’expression salvatrice. »
À l’image de Joachim Roncin, directeur artistique de Stylist et auteur du slogan « Je suis Charlie », Hervé Baudry laisse son dessin libre de droit et refuse toute commercialisation. « Cette colère n’est pas à vendre, dit-il, elle est libre et universelle ! » Il a malgré tout accepté que Peter Solak, responsable de la communication et du marketing de CNN Danemark, édite un T-Shirt dont les fonds iront aux familles des deux victimes des fusillades. Il est d’ores et déjà en vente au prix de $25 (22 €).
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