Alexandre Benalla, le chargé de mission d’Emmanuel Macron, a frappé un participant de la manifestation du premier mai dernier et s’est vu seulement mis à l’arrêt pendant deux semaines. Une enquête est ouverte par le parquet de Paris jeudi 19 juillet, près de trois mois après les faits, que l’Élysée a tenté d’étouffer par son silence.
« Regardez bien sa tête. Il l’a tabassé par terre ». Tels sont les mots de l’auteur de la vidéo prise le premier mai place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris. La séquence est insoutenable. Un jeune homme est d’abord traîné par un groupe de CRS, se relève difficilement, avant qu’un autre individu casqué ne le force à se coucher par terre à nouveau, puis l’étrangle et lui assène plusieurs coups sur son crâne et corps sans défense.
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Voici la video où l’on voit Alexandre Benalla, chargé de mission d’Emmanuel Macron, s’en prendre violemment à deux manifestants le 1er mai 2018.
Suite à ça, il avait été mis à pied pendant 15 jours. Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête préliminaire. pic.twitter.com/ilGj3tGhhp— Brut FR (@brutofficiel) July 19, 2018
Une jeune femme crie : « Mais arrêtez ! Vous êtes malade ! » Jérémie Ferrer-Bartomeu présent au moment des faits, témoignera au micro de Franceinfo d’un événement « à la fois incompréhensible et d’une très grande violence ». Les autres CRS assistent à la scène dans une indifférence générale, sans faire mine d’intervenir, alors qu’autour du jeune homme les civils appellent l’homme casqué à arrêter ce déferlement de violence.
La sanction prise contre Alexandre Benalla est "la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission", estime l'Élysée pic.twitter.com/hUgpdshxeX
— BFMTV (@BFMTV) July 19, 2018
Cet homme n’est autre qu’Alexandre Benalla, chargé de mission à l’Élysée. Le Monde rapporte que ce dernier avait demandé la permission d’assister avec les forces de l’ordre à la manifestation du premier mai au directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, qui lui aurait accordé sa permission en insistant bien sur son statut d’observateur. Une condition qu’Alexandre Benalla a délibérément transgressée ; la vidéo montre le collaborateur d’Emmanuel Macron faire preuve d’une violence inouïe à l’encontre d’un jeune homme apparemment inoffensif, qui avait pris part à une manifestation décrite comme « un apéro militant » et un « moment convivial » sur la page de l’événement Facebook. Ce ne sont d’ailleurs apparemment pas les injonctions de s’arrêter qui lui feront suspendre son geste, mais bien la prise de conscience qu’il est filmé.
L’omerta de l’Élysée
Cette mise a tabac lui aura seulement valu deux semaines de mise à pied de ses fonctions d’adjoint chef de cabinet et une suspension de salaire, avant de retrouver un autre poste de chargé de mission. Une sanction disciplinaire qui paraît dérisoire compte tenu du statut de Benalla et des violences dont il a fait preuve, mais que le porte-parole du gouvernement, Bruno Roger-Petit, décrira audacieusement comme « la plus grave [sanction] jamais prononcée contre un chargé de mission ».
"Alexandre Benalla a été lourdement sanctionné. Nous l’avons mis au coin pendant une demi-heure et il a été privé de Petits Filous."
— Freud_is_alive (@Freud_is_alive) July 19, 2018
C’est plus de deux mois et demi après les faits que le scandale a éclaté et que le voile sur cet homme casqué s’est levé, identifié par Le Monde le 18 juillet.. Le parquet de Paris se saisit de l’affaire dès le lendemain, ce jeudi 19 juillet, alors que l’Élysée, par son omerta dans le but d’étouffer l’esclandre, n’a pas saisi dans la foulée le procureur de la République de Paris du dossier comme le dispose l’article 40 du code de procédure pénale. La Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a par ailleurs affirmé ce jeudi 18 juillet dans la matinée que contrairement aux propos de Bruno Roger-Petit rapportant l’autorisation que Patrick Strzoda aurait accordée à Benalla pour se rendre sur le lieu de la manifestation, que ce dernier « était sur cette manifestation sans autorisation, ce qui évidemment pose une difficulté. » Une affirmation qui fragilise la crédibilité plus que jamais bancale de l’Élysée.
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