Le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi, “calife” de l’Etat islamique, est souvent présenté comme le fondateur du groupe terroriste. Mais, selon des documents repris par le journal allemand Der Spiegel, un ancien espion de Saddam Hussein serait à l’origine de la prise de contrôle du nord de la Syrie par l’Etat Islamique . Un mode d’emploi pour […]
Le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi, “calife” de l’Etat islamique, est souvent présenté comme le fondateur du groupe terroriste. Mais, selon des documents repris par le journal allemand Der Spiegel, un ancien espion de Saddam Hussein serait à l’origine de la prise de contrôle du nord de la Syrie par l’Etat Islamique .
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Un mode d’emploi pour la prise du pouvoir
Les 31 pages de cartes, de listes et de programmes, découvertes en Syrie, décrivent méticuleusement l’organisation interne de l’EI pour la mise en place d’un califat syrien. Ces documents seraient le travail de Samir al-Khlifawi, un ancien colonel du service de renseignements de l’armée de l’air de Saddam Hussein. L’ancien espion, mort en 2014, est désormais mieux connu sous son pseudonyme de guerrier djihadiste, Haji Bakr. Selon le journal, les techniques utilisées par l’organisation terroriste seraient issues de l’ancien système de sécurité de Saddam Hussein.
Parmi les mots-clés de ces documents retrouvés chez Haji Bakr et obtenus par le journal après d’intenses négociations avec les rebelles syriens d’Alep: « espionnage », « surveillance », « meurtre » et « kidnapping ». Les « cellules espions » de l’EI, implantées dans les villes, permettaient ainsi de récolter des informations sur les familles les plus puissantes dans les zones à conquérir. Haji Bakr explique que les hommes loyaux envers l’EI pourraient épouser les filles de ces familles pour « permettre l’infiltration de ces familles. » La tactique du groupuscule terroriste reposerait également sur l’obtention d’informations sur les forces rebelles ou les activités illégales des villes. Ces informations permettraient ensuite de faire du chantage aux habitants, perçus comme menaçants.
« Ce que Bakr écrit, page après page, (…) n’est rien de moins que le projet d’une prise de pouvoir. Ce n’est pas un manifeste de foi, mais un plan précis et technique pour un « Etat Islamique de renseignements » soit un califat dirigé par une organisation semblable à la Stasi de la RDA. » raconte Christoph Reuter, le reporter de Spiegel.
L’enquête décrit Bakr comme un homme « amer et désoeuvré » après la dissolution de l’armée irakienne par les autorités américaines en 2003. Le journaliste irakien, Hisham al-Hashimi, décrit davantage cet ancien officier comme un nationaliste que comme un islamiste. Entre 2006 et 2008, Bakr est détenu dans différentes prisons sous autorité américaine. En 2010, l’espion et quelques uns de ses anciens collègues décident de faire d’Abu Bakr al-Baghdadi, un autre détenu, le leader de l’Etat Islamique, dans le but de donner un « visage religieux » au mouvement.
Mort sous les balles des rebelles syriens en 2014
Selon Christoph Reuter, en 2012, Bakr parcourait le nord de la Syrie pour superviser le projet, accompagné de combattants étrangers novices venant d’Arabie Saoudite, de Tunisie ou encore d’Europe et de guerriers tchétchènes et ouzbeks entrainés. D’après plusieurs sources, le « cerveau » de l’Etat Islamique serait mort sous les balles des rebelles syriens en janvier 2014. Il avait toutefois eu le temps de sécuriser les chemins menant à la Syrie, renforçant ainsi la position de l’organisation terroriste sur l’Irak.
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