La Cocoe a enfin annoncé le résultat : 50,03% et 98 voix d’écart avec François Fillon. Après plus de 24h d’un véritable psychodrame ! Même les socialistes au congrès de Reims n’avaient pas été aussi mauvais.
C’est moi. Non c’est moi. Non c’est moi. A l’UMP, il fallait s’armer de patience et de temps pour connaître le gagnant. Vers 23h30, dimanche, Copé annonce avoir remporté l’élection avec 1000 voix d’avance. Mais Fillon n’entend pas lui laisser la victoire et annonce lui-aussi avoir gagné, avec 224 voix d’avance. « Fillon, excédé, a voulu le dire. Il s’est lâché », commente un filloniste, membre de l’équipe de l’ex-Premier ministre. Et d’ajouter, entre déception et amertume : « le militant est beaucoup plus radicalisé que le cadre. Que ce soit au PS ou à l’UMP. A l’UMP, quand on aborde certains thèmes, je ne parle pas des sujets les plus démocrates chrétiens sociaux, mais les plus à droite, les militants applaudissent chaleureusement. Les pains au au chocolat, ça a fait un malheur. »
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Triste d’avoir perdu, un membre de l’équipe Fillon se console : « Fillon a été fidèle à sa ligne et à ses idées« . Et de lâcher que son candidat « a fait des maladresses ». Premièrement, s’être présenté comme député à Paris, ce qui est « éminemment facile pour la droite alors que compliqué pour la Sarthe qui a basculé à gauche ». Deuxièmement, il « est tombé en scooter à Capri chez son ami Ferrari. Tout ça faisait désordre. Puis a enchaîné les pépins de santé« . Ensuite, à l’inverse, il n’a pas « assez montré les crocs. Copé, lui, rien ne l’arrête. C’est une qualité en politique ». L’enjeu de ce scrutin est d’importance. Le vainqueur de ce dimanche a une longueur d’avance pour la présidentielle de 2017, même si l’échéance décisive sera la primaire de 2016 et si Nicolas Sarkozy pourrait revenir troubler la partie.
A l’UMP, beaucoup soulignent que sa victoire valide sa stratégie de départ. « Fillon a fait un grave contresens en assimilant l’élection à la présidence de l’UMP à une primaire avant l’heure », analyse un pro-Copé. Et d’ajouter : « Copé avait raison : les militants veulent à leur tête un cogneur et non un remplaçant de Sarkozy ». D’où le zèle que Copé a mis dans cette campagne pour avaler les kilomètres et souligner inlassablement les qualités de « Nicolas » plutôt qu’une sorte de « Hollande de droite« , référence à Fillon.
Chaque jour, parfois plusieurs fois par jour, devant les militants, Copé défendait sa ligne politique d’une « droite décomplexée » et d’une « opposition tonique » avec une présence médiatique « matin, midi et soir ». Un travail de fourmi et de quadrillages de la France, entouré de quelques fidèles, qui semble bien avoir fait la différence. « C’est important pour les militants, celui qui passe le dernier les voir« , concède un cadre de l’UMP.
Avec toujours un mot simple : faire de l’UMP, le parti de la « reconquête » et de la « résistance », avec un appel à de grandes manifestations contre les réformes gouvernementales jugées contraires aux valeurs et aux intérêts du pays (mariage pour tous, droit de vote pour les étrangers aux élections locales, ou toute « atteinte à la mobilisation de nos acteurs économique »). Dès lors, Copé souhaitait la transformation de l’UMP en un « parti d’action civique« , à la manière du « syndicalisme de services » allemand. Lundi soir, lors d’un deuxième de discours, il a clairement annoncé que la « droite décomplexée » était de retour.
Pour autant, étant donnée l’étroitesse des résultats et l’inélégance de les avoir annoncés sans avoir prévenu son adversaire ni attendu que la Cocoe les publie, Jean-François Copé ne pourra oublier que l’UMP est presque coupée en deux moitiés quasi équivalentes. 98 voix sur environ 170 000 votants. Chose rare à droite où historiquement, le mouvement issu du gaullisme s’est toujours étroitement identifié à son chef – qu’il soit ou non à la tête du parti. Copé « devra refaire le chemin inverse qu’il a fait pendant la campagne et qui lui a permis de gagner« , juge un haut cadre de l’UMP. « Si la droitisation lui a permis de l’emporter face à Fillon, aujourd’hui, il va devoir se recentrer« , ajoute ce même élu.
Ce dimanche soir, Copé lançait un appel à François Fillon pour « travailler main dans la main« . Lundi soir, à la même tribune, le nouveau président du parti annonçait avoir appelé son rival. « Mes mains et mes bras sont grands ouverts, il faut que demain matin s’ouvre le temps du travail », a commenté Copé, entouré de son équipe, devant un mur de caméras ajoutant qu’il n’avait « ni rancœur, ni amertume ». Allusion aux fillonistes, et à l’ex-Premier ministre.
Ces derniers jours, selon l’AFP, François Fillon n’envisageait pas la défaite à la présidence de l’UMP. A quelques amis, il aurait confié qu’il était prêt à tourner la page de la politique s’il ne gagnait pas son pari. Ou arrivera-t-il à se relever de cet échec, lui qui annoncé comme favori n’a pas réussi à l’emporter alors qu’il espérait un jour arriver à l’Elysée, après avoir connu cinq ans « l‘enfer de Matignon ?».
Reste que Copé a pris une longueur d’avance pour apparaître comme le principal opposant à la gauche, face à ses amis de l’UMP qui nourrissent aussi quelques ambitions pour la suite. En ligne de mire, la primaire de 2016 et la présidentielle de 2017. Avec cette leçon retenue de Nicolas Sarkozy : aucun destin présidentiel ne peut grandir sans s’adosser à un parti.
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