Pour la première fois depuis près d’un mois, l’opposition ukrainienne montre des signes de fatigue. Jusqu’alors impressionnant, notamment lors du récurrent rassemblement dominical, le mouvement de protestation anti-Ianoukovitch et pro-européen semble à deux doigts de vaciller. Les leaders de l’opposition, eux, entendent remotiver les troupes.
Ce dimanche, les inscriptions de certaines pancartes apparaissent un peu délavées. Les militants manifestent depuis près d’un mois et cela se voit. Hier à Kiev, près de 50 000 personnes se sont rassemblées sur la place de l’Indépendance, QG de l’opposition depuis plusieurs semaines. Contre plusieurs centaines de milliers les dimanches précédents, soit presque dix fois moins. Même si les slogans n’ont pas varié : « honte », « démission », « bandits ! »
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Le nerf de la guerre
Que s’est-il passé en l’espace de quelques jours pour que la mobilisation pâlisse à ce point ? Mardi, la visite de Ianoukovitch à Moscou avait pourtant galvanisé – une énième fois – l’opposition, qui accuse le président ukrainien de vendre son pays à la Russie. Renseignements pris, le gouvernement ukrainien n’a pactisé avec Moscou que sur les questions économiques tels que la baisse du prix du gaz et un prêt de 15 milliards de dollars – soit 10,9 milliards d’euros (un investissement dans des titres du gouvernement ukrainien). Des accords difficiles à critiquer par les temps qui courent, même si ceux-ci laissent augurer une adhésion prochaine de l’Ukraine à l’Union douanière initiée par la Russie, laquelle regroupe pour l’instant la Biélorussie, le Kazakhstan et la Russie donc.
Ianoukovitch change de stratégie
Une stratégie beaucoup moins maladroite de la part du pouvoir ukrainien que le choix de la répression policière des semaines précédentes qui n’avaient fait qu’aggraver la situation et mobiliser davantage de militants. Aujourd’hui, si des dizaines de milliers d’irréductibles n’entendent pas céder, la déception est palpable. Les manifestants qui n’ont pu entrer dans le périmètre délimité par les barricades se font prendre en photo devant les fortifications de fortune, désormais recouvertes de graffitis, des fois que ce soit bientôt la fin.
« Il faut continuer »
« Il faut continuer », explique Marta, une jeune Ukrainienne qui fait ses études en Allemagne. Pour la première fois depuis le début du mouvement de protestation, elle est revenue à Kiev, sa ville natale. Pour la jeune femme, les opposants à Viktor Ianoukovitch ne laisseront pas tomber, ils trouveront une solution d’une manière ou d’une autre. Quant à attendre de l’aide de la part de l’Union européenne : « Le rôle de l’Europe n’est pas d’intervenir de manière directe. Ce serait malvenu, explique-t-elle. Même, cela aggraverait les choses. »
De leur côté, les leaders de l’opposition tablent toujours sur des élections anticipées, législatives et présidentielles, d’ici mars 2014 et tentent de rallumer la flamme. Pendant ce temps, Moscou continue d’enfoncer le clou : dès ce mardi, l’Ukraine recevra trois milliards de dollars représentant la première partie du plan de sauvetage financier accordé par la Russie, a annoncé aujourd’hui le ministre russe des Finances.
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