Fidèles à la tradition britannique, des Londoniens ont décidé de combattre le discours xénophobe de UKIP par l’humour. Parodiant la communication du parti de Nigel Farage, UKHIP s’engage en faveur des migrants de Calais de la “new jungle”.
Faire la distinction entre UKHIP et UKIP revient à se lancer dans un jeu de boîte de céréales : comparez les deux images et trouvez les différences. Affiches violettes et jaunes, speech sur l’immigration, à première vue tout concorde. En passant à la loupe, on s’aperçoit rapidement que UKHIP (United Kingdom humanitarian and intervention party) n’a sur le fond rien de semblable avec le parti eurosceptique de Nigel Farage.
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Au contraire, “nous contestons avec véhémence la rhétorique toxique anti-immigration de UKIP et nous voulons nous y opposer”, souligne David Charles, l’un des fondateurs de UKHIP. Las de ces discours nationalistes et de voir, impuissants, la situation s’aggraver à Calais, David Charles et trois autres Londoniens – Betty Granville et des membres de la rédaction du quinzomadaire Strike! – ont décidé d’agir.
Pour lutter contre des préjugés, rien de plus efficace que l’humour (anglais !). Les quatre Britanniques parodient la communication du parti de Nigel Farage. “Imiter la charte graphique faisait partie de l’idée initiale, mais l’acronyme UKHIP est venu en premier”, raconte David Charles. A la place du symbole de la livre sterling, UKHIP arbore un voilier de fortune sur son logo, signe de leur ambition d’aider les migrants dans leur périple vers le Royaume-Uni. Alors que UKIP s’appuie sur le slogan « Use your loaf! » (« sers-toi de ta tête ! »), David Charles et ses compères détournent le message : « Share your loaf! » (« partage ton pain ! »).
THE #UKHIP BILLBOARD IS STILL UP! (round Hackney way, if you’re interested) pic.twitter.com/CEo799V9y3
— UKHIP (@UKHIPHumans) 5 Avril 2015
Un match de cricket en plein camp de réfugiés
UKHIP n’est pas qu’une simple campagne de communication. Ses membres veulent “faire preuve de solidarité envers les gens qui vivent dans des conditions misérables à cause du contrôle des frontières britanniques”, comme ils l’affirment sur leur site web.
Le collectif s’est construit lors d’une première excursion humanitaire à Calais, en janvier et une seconde en février grâce à une offre de voyage en ferry pour seulement 1 livre sterling diffusée par… le Daily Mail. David Charles et Beth Granville ont d’ailleurs signé une lettre de remerciement ironique au journal, expliquant qu’en réalité le Daily Mail était un quotidien satirique et que toutes ses diatribes envers les migrants n’étaient que boutades.
Après cet épisode, les Londoniens décident de pousser leur activisme au niveau supérieur et fondent UKHIP en organisant un match de cricket, fin mars, raconté par Vice. Une rencontre rendue possible grâce aux dons d’un club de loisir de cricket londonien. L’événement s’est déroulé alors que les autorités françaises étaient en train d’évacuer la « jungle Tioxide », obligeant les migrants à se déplacer vers un autre camp.
Parmi la trentaine de personnes venues participer à l’événement, certains, venus en van ou en voiture, ont aidé les réfugiés à transférer leurs affaires d’un site à l’autre.
They don’t like cricket… Match report from #UKHIP flotilla of solidarity and sportsmanship http://t.co/NBfIAr9Z9B pic.twitter.com/uw7lyomdj7 — UKHIP (@UKHIPHumans) 30 Mars 2015
Des vélos pour les migrants
Pour autant, UKHIP est encore loin de soulever les masses. « Ils [UKHIP] arrivent à rassembler un peu de monde lors de leurs événements, ça concerne quelques dizaines de personnes plutôt que des centaines, mais ils arrivent à intéresser des gens », note Simon Usborne, journaliste à The Independent qui a également écrit sur le match de cricket. De leur côté, les journaliste français de La Voix du Nord n’en ont pas entendu parler.
Aujourd’hui, la situation est de plus en plus tendue à Calais. De 200 en 2011, le nombre de migrants est passé à 3 000 aujourd’hui, en grande partie à cause du conflit syrien. Avec les événements de cet été, la question des migrants divise au Royaume-Uni. Si 67 % des Britanniques s’affirment favorables à l’envoi de l’armée en France pour stopper les migrants, d’autres “n’hésitent pas à montrer de l’empathie envers ces gens [les migrants] et croient aux principes de l’asile et à la protection de leurs semblables », indique Simon Usborne.
Résultat, des Anglais traversent la Manche pour aider les réfugiés dans le camp du Nord-Pas-de-Calais, comme le décrit un reportage de la BBC. Chef de l’agence de Calais de La Voix du Nord, Olivier Pecqueux remarque que « les bénévoles britanniques sont présents depuis peu à la ‘new jungle' ». Lors de son premier voyage à Calais, David Charles est resté dix jours pour donner des cours d’anglais aux migrants soudanais, syriens et érythréens.
Décidés à poursuivre sur leur lancée, les membres de UKHIP organise le 29 août prochain un voyage à vélo, de Londres à Calais. L’objectif est de récolter des dons, en particulier des vélos, pour les migrants. Le centre-ville étant situé à plusieurs kilomètres du camp, quelques coups de pédales faciliteront la vie des réfugiés pour atteindre les magasins et les sièges des services administratifs. Déjà 900 personnes se sont inscrites sur l’événement Facebook.
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