Avec la crise iranienne, Twitter suscite un engouement sans pareil. En marge de la communication officielle biaisée, le site a permis de poster des infos de première main. Mais privilégier l’immediateté ne se fait-il pas au prix de la réflexion?
“Marc Voinchet fera Les Matins de France Culture à la rentrée.” C’est par cette phrase sibylline (140 signes maximum oblige) postée sur le Twitter de France Culture que l’on a appris le remplacement d’Ali Baddou à la matinale de la radio. Cette annonce, qui aurait mérité explications et enrobage, signale bien que Twitter est devenu l’outil de communication le plus cool du moment. On a pu constater l’engouement qu’il suscite avec la crise iranienne, où il a été célébré comme révolutionnaire – les Etats-Unis lui ont même demandé de suspendre sa maintenance pour permettre aux Iraniens de continuer à informer l’Occident.
En marge de la communication officielle biaisée, Twitter leur a permis de poster des infos de première main. Fêtant sans retenue ce nouvel instrument démocratique, voire journalistique, les médias occidentaux, comme Sky News, les ont joyeusement reprises et diffusées sans modération, sans vérification, sans mise en contexte ou perspective. Mais l’effet de mode ne doit pas faire oublier les limites et les dangers de Twitter (où 10% des utilisateurs livrent 90% du contenu). Créer un fil Twitter est un jeu d’enfant, et n’importe qui peut poster, sous n’importe quel nom, n’importe quel message. Les manipulations sont faciles. On peut imaginer un gouvernement, un groupe de pression ou une marque y distiller propagande et fausses news, créant à sa guise enthousiasme, paranoïa ou affolement…
A privilégier l’immédiateté, le scoop, la petite phrase percutante et inédite, à vouloir faire la hype, il semble aujourd’hui plus important de relayer l’info que d’en connaître la véracité. Si dans le flux de messages publiés sur Twitter certains peuvent être utiles et donner de vrais renseignements, son utilisation enthousiaste ne doit pas se faire au prix de la réflexion.