Les chaînes de TV françaises rédigent une charte pour limiter la diffusion de leurs contenus sur Google TV ou Yahoo ! Connected TV. En jeu, le contrôle du marché publicitaire face à ce qui semble devoir remettre en question leur modèle économique.
Face à l’arrivée du Net sur les écrans de TV, les grandes chaînes du PAF font front commun. Selon la Tribune du 3 novembre, TF1, M6, Canal +, France Télévision, Direct 8 et BFMTV préparent une charte pour empêcher que des contenus web produits par d’autres ne soient offerts au téléspectateur sur son écran de télé. Une initiative protectionniste des grandes chaînes pour contrer l’arrivée sur le marché des offres d’interactivité de Google TV ou Yahoo!Connected TV.
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Car ces acteurs venus d’Internet n’envisagent rien de moins que de transformer radicalement la manière d’utiliser la télévision. Ils reprennent entre autre ce qui a fait le succès des iPhone, iPad ou smartphones: des widgets et des applications accessibles depuis le petit écran et menant à des contenus web. Google TV permet même l’accès à toute la toile via son célèbre moteur de recherche.
Problème: ces géants du Net s’appuient sur les émissions produites par les chaînes de télé pour générer des bénéfices via les annonceurs ou les applications, mais cela ne rapporte rien à ces chaînes. Pour le directeur délégué de TF1, cité par la Tribune:
« Le flux de TF1 ne peut cohabiter avec des applications tierces. D’abord pour des contraintes réglementaires. Mais aussi pour des raisons économiques. Si l’on achète un match de foot à plusieurs millions d’euros, nous ne voyons pas pourquoi un tiers pourrait profiter de notre audience pour générer des revenus sans notre accord. »
Aucun bénéfice pour les chaînes donc, voire même une rupture de leur modèle économique traditionnel. Avec l’arrivée d’Internet sur le petit écran, les chaînes peuvent craindre une consommation des programmes comparable à celle des internautes: un téléspectateur autonome, insaisissable, qui zappe beaucoup plus vite entre les émissions et ses sites préférés. Le « temps de cerveau disponible » est plus difficilement quantifiable, et plus difficile à vendre aux annonceurs.
Le risque est également d’ouvrir la porte aux retransmissions sur des plateformes gratuites de vidéos en ligne. Les diffuseurs, qui ont en tête les malheurs de l’industrie de la musique, ont donc décidé de freiner des quatre fers. Outre cette charte, TF1 a demandé il y a quelques jours à Samsung de retirer sur les téléviseurs l’apparition des services de Yahoo! Connected TV pendant ses programmes. La première chaîne a choisi de lancer sa propre plateforme interactive et de condamner Yahoo! à n’apparaître que sur un canal séparé.
Une fronde qui fait suite au refus des télévisions américaines (CBS, ABC et NBC) de voir leur émissions diffusées par Google TV. Parmi les craintes évoquées là aussi: voir les contenus payants sur des sites de streaming comme YouTube, par ailleurs propriété de Google, ce qui nuirait à la formule abonnement.
Pourtant, la TV connectée à Internet, par boîtier ou directement dans les téléviseurs, semble avoir le potentiel pour s’imposer comme la télévision de demain. Le clavier sur la table de salon, des applications accessibles pour tous, la possibilité de regarder des photos ou de louer des films depuis son canapé, un système évolutif pour Google TV… Les chaînes traditionnelles et leurs services interactifs propres pourraient bien être déjà dépassés.
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