Du prince Harry dans l’Antarctique à Beckham perdu dans la jungle, les nouveaux programmes tentent de séduire les téléspectateurs en misant sur le spectaculaire, quitte à revisiter des genres datés.
Si elles veulent encore émerger dans un océan de contenus audiovisuels accessibles sur tous les réseaux, les traditionnelles chaînes de télé sont poussées à créer l’événement. Démarrage de la nouvelle saison d’une série à succès diffusée simultanément sur plusieurs chaînes, événement suivi en direct au niveau planétaire, recours aux people dans le docu-réalité et aux stars de cinéma dans les fictions TV…
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Les diffuseurs historiques ont sorti l’artillerie lourde durant la saison 2013/2014 pour rameuter le public, selon la dernière étude internationale Nota (New On The Air) présentée par Eurodata TV Worldwide, la filiale de la société d’études Médiamétrie. Quitte à revisiter des programmes vieux comme la TV, en les modernisant via des développements sur le web, des défis physiques extrêmes… notamment pour attirer des moins de 35 ans plus tentés par leur écran personnel connecté que le traditionnel poste familial.
En direct du cosmos
Quarante-cinq ans ans après le premier pas sur la Lune, le programme documentaire Live from Space du groupe audiovisuel américain National Geographic Channel, qui permettait de découvrir en direct la vie des astronautes à bord de la station spatiale internationale, symbolise cette stratégie. Le 14 mars dernier, il a été proposé au même moment aux téléspectateurs de 170 pays. Sauf qu’en amont, le public pouvait interroger via les réseaux sociaux les hommes dans l’espace et suivre continuellement leur trajectoire sur un site synchronisé avec un service de géolocalisation.
Les séries, qui représentent le genre télévisuel marquant de ces dernières années, n’échappent pas au phénomène d’événementialisation : pour l’ultime saison de 24 heures, 20th Century Fox Television a organisé une diffusion simultanée du premier épisode aux USA et Canada, en Grande-Bretagne, France et Turquie. En Espagne, pour inaugurer sa nouvelle fiction El Principe, le groupe Mediaset a réquisitionné quatre de ses chaînes : son navire amiral Telecinco, la mini-généraliste La Siete et deux thématiques, Divinity et Energy. Avant de diffuser la suite sur un seul et principal canal pour rassembler tout le monde.
Mais les séries misent avant tout sur la qualité du scénario, du casting et de la réalisation. Se hissant au niveau des longs métrages, elles favorisent “le développement de projets basés sur des scénaristes et des acteurs de haut vol”, souligne Julia Espérance, responsable d’études d’Eurodata. En atteste la déjà cultissime True Detective, une production d’HBO à l’antenne sur OCS City le 7 juin et qui, avec les services de Nicola Pizzolatto à l’écriture, de Matthew McConaughey et Woody Harrelson dans les rôles principaux, a multiplié par 6 à 8 l’audience sur la case horaire choisie par ses différents diffuseurs.
Citons encore Babylone, fiction réalisée par Danny Boyle dont le pilote a fait un carton en Angleterre sur Channel 4, déjà dans l’attente des futurs épisodes ; ou The Devil’s Playground, série australienne sur les affaires de pédophilie dans l’Eglise et rebondissant sur un film sorti en 1976, avec le même personnage central joué par Simon Burk, passant du rôle d’adolescent à celui d’adulte.
Gomorrah adapté
Pour se donner les moyens de leurs ambitions, certains privilégient la coproduction internationale. Welcome to Sweden, qui associe Américains et Suédois et raconte les déboires d’un New-Yorkais suivant sa compagne en Scandinavie, a fait un malheur sur TV4 en Suède et arrive outre-Atlantique sur NBC en juillet. Quant à Gomorrah, inspiré du célèbre ouvrage de Roberto Saviano et du film de Matteo Garrone et financé par des Italiens et des Allemands, elle a déjà trouvé acheteur dans une cinquantaine de pays, dont Canal+ et Arte en France.
Les stars du 7e art ne sont pas les seules utilisées pour séduire les téléspectateurs, auxquels les diffuseurs proposent des programmes de découverte de plus en plus incarnés, construits sur la personnalité de l’animateur. En Australie, Davey Hugues, médiatique businessman au look trappeur, a triplé l’audience de la chaîne qui a programmé ses aventures sur les traces des explorateurs. En Norvège, Fjorden Cowboys, qui nous fait vivre le quotidien de deux rustres autochtones a permis à TV2 Zebra de quintuplé le nombre de téléspectateurs de moins de 25 ans sur sa case.
Quand au public britannique, il peut suivre la BA du prince Harry dans l’Antarctique – un trek de 335 km pour les soldats blessés – dans Harry’s South Pole Heroes, en attendant d’accompagner David Beckham en expédition dans la forêt amazonienne. Pour Marie-Laure Tritz, chargée d’études de la filiale de Médiamétrie, “les ingrédients sont toujours les mêmes : une scénarisation exagérée, des personnages aux traits forcés”.
La magie, ça marche toujours
Une ficelle également exploitée dans les programmes des chaînes anglo-saxonnes férues de magie, un thème qui fait son retour sur les écrans. Ces émissions sont loin des galas du cirque de Monaco, des plans foireux de feu Garcimore ou des shows de David Copperfield, mais plus proches des numéros de Criss Angel le magicien gothique montrés dans Mindfreak sur A&E (et Planet No Limit en France) depuis une dizaine d’années. C’est-à-dire des prestidigitateurs – Troy Von Scheibner au Royaume-Uni, Keith Barry en Irlande et cet été sur RMC Découvertes – évoluant dans la rue, dans des bars pour réaliser des tours toutefois très produits.
Autre genre de programme sur le retour, les émissions de défis, surtout physiques. Quand elles se déroulent en extérieur, les producteurs misent essentiellement sur les conditions extrêmes, à l’instar de Man vs. Wild qui fait le succès de Bear Grylls aux USA, en Angleterre et en France depuis 2006. En 2014, les Scandinaves ont eu droit à Monsen Pa Villspor (Norvège) et Dropped (Suède), dont le principe consiste à lâcher les présentateurs en pleine nature; les Américains à Survival, soit huit candidats balancés dans un environnement hostile avec tout juste leurs habits sur le dos.
Mais le public de la télévision américaine redécouvre également le plaisir simple du spectacle retransmis en direct, et en particulier… de la comédie musicale. Avec Sound of Music soit une diffusion en live et en studio mais sans public de La Mélodie du bonheur, NBC Universal a créé l’événement et fait un carton d’audience. Elle se prépare à réitérer la performance à la rentrée avec Peter Pan, tandis que Fox prépare ni plus ni moins que l’adaptation toujours chantée et dansée en live de Grease. Téléspectateur, “you’re the one that I want”.
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