La Chambre des représentants vient de voter la réforme républicaine visant à abroger l’Obamacare.
Il ne s’agit là que de la première étape d’une longue bataille législative, mais le président Donald Trump est finalement parvenu à ses fins après un premier échec. Le 24 mars dernier, faute de majorité, les Républicains avaient retiré leur première version du projet visant à abroger la loi emblématique du mandat d’Obama. Durant plusieurs semaines, le texte a été ajusté et le président Trump s’est efforcé de rallier un maximum de représentants républicains à sa cause. Pour cela, les mesures ont été assouplies… sur le papier, selon le New York Times.
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Les dirigeants républicains ont par exemple ajouté un amendement au projet qui fournirait 8 milliards de dollars supplémentaires sur cinq ans à partager entre les États qui choisiraient de prendre en charge les malades les plus vulnérables via des pôles spécialisés. Trop peu pour atténuer le mal, mais assez séduisant pour rameuter quelques sceptiques. Résultat : la question divise, le vote est très serré mais la majorité penche du côté de l’abrogation : 217 voix contre 213 (193 démocrates et 20 républicains ont voté non).
Un projet de loi controversé
Ce projet de loi, baptisé AHCA (American Health Care Act) et surnommé le « Trumpcare » reviendrait sur plusieurs aspects de l’Obamacare, initié par Barack Obama en 2010. Entre autres, supprimer l’obligation pour les Américains de souscrire une assurance maladie, mais également réduire les financements publics dédié à Medicaid, programme d’assurance réservé aux individus à faibles revenus (45 millions de personnes concernées), et diminuer la couverture minimale. Certains services essentiels ne seront plus obligatoirement couverts : soins maternité et traitement du cancer notamment. Donald Trump s’est également attaqué à la mesure phare de la réforme d’Obama qui visait à protéger les personnes ayant des antécédents médicaux en interdisait aux assureurs de les faire payer d’avantage. Les opposants s’inquiètent en effet pour les américains les plus modestes.
Le coup de colère de Bernie Sanders
The health care bill Republicans are trying to pass has $880 billion in Medicaid cuts. Mr. Trump: stop this bill or admit you lied. https://t.co/KypNYrBq82
— Bernie Sanders (@SenSanders) May 4, 2017
Jeudi dernier, Bernie Sanders, sénateur du Vermont, exprimait son désarroi sur Twitter : « Comment pouvez-vous appeler « réforme de la santé » quelque chose qui prive des millions de gens d’assurance ? Les gens qui ne peuvent pas se permettre de payer les soins de santé ne méritent pas de mourir. Je ne sais pas comment on peut être plus clair que ça. » Ajoutant que si la loi passait, des milliers d’américains pourraient mourir, faute de soins.
.@SenSanders: "If the bill passed today in the House became law, thousands of Americans would die" https://t.co/XRO4Kc2j2I
— Anderson Cooper 360° (@AC360) May 5, 2017
Mais pour les soutiens de Trump, l’éventuelle adoption de cette loi serait l’occasion d’encourager la concurrence dans le secteur de l’assurance maladie. D’autre part, plusieurs groupes médicaux et organismes défendant les soins de santé se sont alignés sur la dernière version du texte proposé par l’administration Trump. Parmi eux, l’American Medical Association, l’AARP et l’American Cancer Society, qui refusent les cadres et conditions imposés par l’Obamacare.
Le nombre de non assurés avait fortement baissé
Libéraliser le marché des assurances maladies, mais à quel prix ? Selon les chiffres officiels, le nombre d’américains non assurés était passé de 16 % en 2010 à moins de 9 % en 2016. En l’espace de 7 ans, des millions de personnes ont par ailleurs souscrit une assurance privée grâce aux aides financières du gouvernement. Cependant, la réforme républicaine ne toucherait que les Américains dont l’employeur ne fournit pas d’assurance santé ainsi que ceux qui ne bénéficient d’aucune couverture maladie gérée par le gouvernement. Le texte doit désormais être examiné, débattu et amendé par le Sénat, visiblement sceptique, où le projet de loi est considérée par certains comme « inacceptable ». Anthony Zurcher, reporter spécialisé en politique internationale, interrogé par la BBC, explique : « Les failles de ce projet vont être discutées avec précision au Sénat, et les compétences de Trump testées. Contrairement à la Chambre, la majorité républicaine est étroite, et déjà certains dans le parti manifestent des doutes. »
Visiblement très pressés, les analystes budgétaires du Congrès n’ont pour le moment pas évaluée la nouvelle version du projet de loi. Mais dans sa version initiale, l’adoption de l’American Health Care Act aurait privé 14 millions d’américains de leur couverture maladie dès l’année prochaine et 24 millions d’ici à 2026. Comme si l’Obamacare n’avait jamais existé…
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