Le 20 novembre, Donald Trump a réagi de manière surprenante aux nouvelles informations sur l’affaire Khashoggi, réaffirmant son soutien à l’Arabie Saoudite et accusant l’Iran de tous les maux. Le Ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a vite raillé le ton du Président américain sur les réseaux sociaux.
La position de Donald Trump, malgré les révélations successives liées au meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, brutalement assassiné début octobre, reste inébranlable. Le 20 novembre, il a réitéré son soutien au royaume sunnite en écartant les accusations qui mettent en cause non seulement des dignitaires du régime, mais le prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS) lui-même. Le président a par ailleurs vite écarté le sujet saoudien pour fustiger l’Iran, rival historique de l’Arabie Saoudite dans la région, et contre lequel il a décidé nombre de sanctions économiques depuis plusieurs mois.
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Révélations des médias américains
L’enquête sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, disparu le 2 octobre dans l’ambassade de son pays à Istanbul, continue de faire réagir la Maison Blanche. Des documents mis en lumière par des médias occidentaux ont attesté qu’il aurait été drogué, torturé et démembré à l’intérieur du bâtiment. L’implication des dirigeants de l’Arabie Saoudite a rapidement été démontrée. Cet assassinat politique aurait même été commandité directement par Mohammed Ben Salman, prince héritier du trône, selon les services de renseignement américains.
Le 16 novembre, le Washington Post rapportait que la Central Intelligence Agency (CIA) possédait des preuves liant le prince à la disparition brutale du journaliste. Cette information vient contredire l’investigation menée par la justice publique saoudienne qui, la veille, a relaxé le prince héritier alors que 15 personnes liées au pouvoir ont été inculpées. Le New York Times révélait quant à lui qu’après avoir eu accès à des appels téléphoniques, la CIA aurait intercepté la conversation d’une personne impliquée dans la disparition du journaliste qui aurait demandé à l’un de ses supérieurs de “dire à son patron” que la mission avait bien été remplie. Ce patron serait le prince héritier.
Les États-Unis avec l’Arabie Saoudite… et contre l’Iran
Dans un communiqué publié le 20 novembre, Donald Trump a réagi à ces nouvelles informations en martelant son soutien à l’Arabie Saoudite… et en accusant l’Iran de tous les maux. Il y énonce :
“Nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant le meurtre de M. Jamal Khashoggi. Dans tous les cas, notre relation est avec le royaume d’Arabie saoudite. Les États-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite”.
Un discours qui insiste sur les relations économiques nouées par les deux pays : les États-Unis ont notamment passé des contrats de vente d’armements pour des milliards de dollars avec l’Arabie Saoudite. Le président a explicitement donné la priorité à ce partenariat, au détriment d’une condamnation des actes dont sont accusés MBS. En réaffirmant son soutien à la monarchie sunnite, Donald Trump en a aussi profité pour fustiger son rival dans la région. L’Arabie Saoudite est selon ses mots un “allié important dans notre combat contre l’Iran”. C’est ce pays, qualifié de “plus grand soutien du terrorisme” qui a été fermement condamné par le président américain au biais d’accusations parfois fantaisistes.
Cette déclaration a entraîné une réaction sarcastique de la part du ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Sur Twitter, il a à la fois dénoncé le silence autour de l’affaire Khashoggi et les incriminations proférées vis à vis de son pays : “Bizarrement, M. Trump consacre le premier paragraphe de sa déclaration honteuse sur les atrocités saoudiennes à accuser l’Iran de tous les maux qu’il peut imaginer”. Il a aussi ironisé sur les incendies en Californie, dont Trump a déclaré qu’ils auraient pu être évités si les forêts avaient été ratissées sur le modèle finlandais : “Peut-être sommes-nous aussi responsables pour les feux en Californie car nous n’avons pas aidé à ratisser les forêts”.
Mr. Trump bizarrely devotes the FIRST paragraph of his shameful statement on Saudi atrocities to accuse IRAN of every sort of malfeasance he can think of. Perhaps we’re also responsible for the California fires, because we didn’t help rake the forests— just like the Finns do?
— Javad Zarif (@JZarif) 20 novembre 2018
La défiance du président américain envers l’Iran ne se limite toutefois pas à des déclarations chocs. Si le pays a ici servi de prétexte à détourner le communiqué de son objet initial, il fait bien l’objet de la part des États-Unis de sanctions économiques de plus en plus fermes, principalement liées aux domaines financier et pétrolier.
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