Le président américain s’est fendu mardi 4 décembre de plusieurs tweets acerbes dans lesquels il assimile le recul d’Emmanuel Macron sur la taxe carbone au retrait des Etats-Unis des accords de Paris qu’il a lui-même effectué il y a un peu plus d’un an.
“Je suis heureux que mon ami Emmanuel Macron et les manifestants à Paris soient tombés d’accord sur la conclusion à laquelle j’avais abouti il y a deux ans.” Ce 4 décembre sur Twitter, Donald Trump a tiré ses propres conclusions des annonces faites par le gouvernement français face à la crise inédite qu’il traverse. Mardi, après les violences survenues samedi et l’intensification de la mobilisation des « gilets jaunes », toujours soutenus par une écrasante majorité de Français, Edouard Philippe a énoncé devant les députés la mise en place d’un moratoire sur la hausse des prix du carburant, un gel des hausses des tarifs de l’électricité et du gaz et une suspension de la révision du contrôle technique. Ces concessions ont été prises en urgence devant l’ampleur prise par le mouvement, qui s’élève contre la hausse de la taxe carbone prévue en janvier 2019.
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I am glad that my friend @EmmanuelMacron and the protestors in Paris have agreed with the conclusion I reached two years ago. The Paris Agreement is fatally flawed because it raises the price of energy for responsible countries while whitewashing some of the worst polluters….
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 4, 2018
….in the world. I want clean air and clean water and have been making great strides in improving America’s environment. But American taxpayers – and American workers – shouldn’t pay to clean up others countries’ pollution.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 4, 2018
Ramenant le débat au niveau national, Trump a conclu sa réaction de la manière suivante : “l’accord de Paris est fondamentalement mauvais car il provoque une hausse des prix de l’énergie pour les pays responsables, tout en donnant un blanc-seing à certains des pires pollueurs du monde (…) les contribuables et travailleurs américains n’ont pas à payer pour nettoyer la pollution des autres pays”.
Deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète, Washington a déclaré en août 2017 se retirer des accords de Paris, premier accord universel sur le réchauffement climatique obtenu à l’issue de la COP21 de décembre 2015. Ce retrait faisait partie d’une des promesses électorales du candidat victorieux à la Maison Blanche, climatosceptique avéré. Lier les décisions récentes de l’exécutif français au revirement américain est une affirmation qui déborde, à défaut de pertinence, d’ironie, registre auquel Trump a eu fréquemment recours depuis le mois dernier pour critiquer Macron.
Ironie envers Macron
Piqué par l’idée proposée par le président français d’instituer une armée européenne, Trump avait déjà vertement réagi en abordant des sujets multiples le 13 novembre. Ce jour-là, il a ramené cette proposition aux deux conflits mondiaux du siècle dernier : “Emmanuel Macron a suggéré la création de leur propre armée pour protéger l’Europe contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mais c’était l’Allemagne dans la Première et la Seconde Guerre mondiale. Comment la France s’en est-elle sortie ? Ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les Etats-Unis viennent à la rescousse. Paie pour l’Otan ou non !”.
Il avait ensuite critiqué directement Emmanuel Macron, à la côte de popularité en déclin : “Le problème est qu’Emmanuel Macron souffre d’une très faible cote de popularité en France, 26 %, et un taux de chômage à près de 10 %. Il essayait juste d’évoquer un autre sujet. En passant, il n’existe pas de pays plus nationaliste que la France, un peuple très fier, et à juste titre”.
À la lumière de ces déclarations spontanées, la bonne entente affichée entre les deux présidents lors des rendez-vous officiels apparaît comme une fragile mise en scène. Le gouvernement français n’a pas commenté ces saillies.
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