« Buzyn, notre souffrance résiste à ton indifférence », avaient écrit sur une banderole les grévistes de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen. Pour dénoncer « une surpopulation chronique » et « une dégradation des conditions de travail et d’accueil », quatre aides-soignants et infirmiers ont commencé le 21 mai une grève de la faim, avant d’être rejoints par trois autres collègues. Ils demandent la création de 52 postes d’aides-soignants et d’infirmiers.
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Trois grévistes hospitalisés
Mais hier, après quatorze jours de grève, deux des sept grévistes (l’infirmier Jean-Yves Herment et l’aide soignant Marc-Aurélien Ducourtil) ont dû être hospitalisés en urgence, a déclaré au Monde Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT :
« [Ils] présentent des risques de séquelles irréversibles. Jean-Yves Herment, âgé de 40 ans, a perdu entre 13 % et 14 % de sa masse corporelle, soit bien au-delà de la limite critique de 10 %. Il était déshydraté et très faible. Le SAMU l’a évacué lundi matin, sur une civière, vers un service spécialisé du CHU de Rouen ».
De son côté, Marc-Aurélien Ducourtil, 34 ans, a été pris en charge par le SAMU « malgré son refus d’être évacué ». Une troisième gréviste, l’infirmière Anne Aubrun, 40 ans, a également dû arrêter la grève hier, face à un drame familial, et alors qu’elle se trouvait dans un état de santé préocuppant.
Ce matin, Manos Kappatos, un autre collègue infirmier et gréviste, a lui aussi dû être emmené par le SAMU, ce qui fait monter à trois le nombre de grévistes hospitalisés. Par soutien, Réné, un infirmier de 58 ans, a rejoint le mouvement de la grève de la faim, qui comprend désormais quatre grévistes.
« Nos patients, on les accueille dans des conditions indignes pour un pays qui se dit le pays des droits de l’Homme. »
La colère de Bruno, l’un des 7 employés de l’Hôpital psychiatrique du Rouvray en grève de la faim depuis 10 jours. pic.twitter.com/RnQc0RIFEe
— Brut FR (@brutofficiel) June 1, 2018
“Je fais de la maltraitance, je ne suis plus infirmier”
Depuis le 22 mars, les aides-soignants et infirmiers du Rouvray, troisième hôpital psychiatrique de France, alertent sur leurs conditions de travail. Si la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé 960 millions d’euros d’économies sur le budget de la Santé en 2018, eux vivent au quotidien un manque de moyens dramatique. En sous-effectif chronique (souvent 1 soignant pour plus d’une vingtaine de patients, selon France Inter), le personnel hospitalier est contraint à traiter les malades de manière indigne et dangeureuse, expliquait le grèviste Jean-Yves Herment, au micro de Konbini:
« Je fais de la maltraitance. Je ne suis plus infirmier, moi. Je ne sais pas ce que je suis. Mais je ne fais pas du soin, ça c’est sûr. Il y a des patients, je suis obligé de les enfermer, parce que à deux ou à trois, je ne peux pas m’occuper de tout le monde. J’ai enfermé quelqu’un qui est venu ici de son plein gré, juste pour dépression. J’ai dû l’enfermer toute la nuit, avec un seau pour aller uriner ou aller à la selle.«
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